
|
| | tribulation d'une infirmière | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: tribulation d'une infirmière Sam 3 Aoû - 20:29 | |
| Voilà je me lance dans un projet au long cours, vous découvrirez un peu plus sur moi et mon métier!!!Etant nulle en dessin, informatique; je me lance donc dans un écrit. J'espère que ça vous plaira, dites le moi si vous trouvez nulle, toute critique est bonne à entendre...Juste, petite précision, ce premier chapitre ne traite pas de mon métier ( le prochain non plus je pense ) mais de comment j'y suis arrivée.Voilà; bonne lecture XDTribulations d'une infirmière. Voilà, à force de lire des témoignages sur des médecins, sages-femmes, j'ai de plus en plus envie de faire de même, d'expliquer mon parcours, de partager mes anecdotes heureuses et malheureuses... Mais, avant de vous faire partager ma vie d'infirmière, revenons quelques années en arrière là où tout à commencé. - je veux être infirmière:
Dès le collège, notre système nous demande; de manière détournée; de réfléchir à notre futur métier, de choisir notre voie pour le reste de notre vie. Me voilà donc en pleine réflexion sur mon avenir: "que vais-je faire une fois adulte?" Deux révélations s'imposent à moi comme des évidences. La première, j'aime les matières scientifiques, les sciences naturelles particulièrement. J'ai longtemps énervé tous mes professeurs de sciences-nat, car en cours je bavardais sans cesse et lorsqu'ils me posaient une question sur ledit cours, je leur donnais la bonne réponse immanquablement... Donc, ce sera un cursus scientifique. Deuxième évidence, je ne peux pas restée 8h assise derrière un bureau. Ca m'est physiquement impossible; il faut que je bouge. Donc un travail au versent manuel... De ces deux évidences, je commence à apercevoir mon futur métier, je parcours quelques livres et un jour ma décision est prise; j'ai trouvé mon futur métier... C'est avec un sentiment enivrant qu'un soir, je m'installe à table avec mes parents et ma sœur et je lâche ma bombe: -Maman, papa, je sais ce que je veux faire plus tard, imaginez en plus mon sourire triomphal. -Ha bon c'est quoi? je sens déjà le scepticisme dans la voix de ma mère -Je veux être infirmière... Blanc, personne ne parle mais trois paires d'yeux me fixent pendant de longues secondes... Ce sera ma maman qui parlera la première: -Mais, infirmière? C'est pas ce que veut faire ta copine G. ? - Heu ... oui elle aussi! - Ha c'est ça tu veux la suivre!!! Merci maman pour le peu de crédit que tu accordes à mes choix personnels, mais bon, ce n'était pas sa première remarque assassine et surement pas la dernière. Je ravale ma fierté et essaye tant bien que mal d'expliquer mon choix professionnel. Le mot de la fin reviendra à ma mère " en fait, tu veux être avec G". Aujourd'hui encore, elle pense que mon choix s'est fait en fonction de cette amie!!! Année de troisième et notre choix de cursus pour le lycée. C'est évident pour moi, ce sera S option SVT; pour ma mère, qui malgré qu'elle ne me croyait pas sincère, veut me faire aller en SMS ( Sciences Médico-Sociale) qui est la voie la plus appropriée pour mon futur métier. Pour la petite anecdote, cette différence de cursus, pourtant notée sur une feuille pour le conseil de classe, passera totalement inaperçue... Et je me retrouve donc en 2è générale. L'année suivante je suis toujours en 2è générale, SMS ne me tentant vraiment pas; mais le besoin de changer d'air se fait de plus en plus sentir, il faut que je manipule, que je parte dans un cursus purement scientifique, le reste des matières mises de côté, elles m'emmerdent et je n'y porte aucun intérêt. A force de recherches, de rendez-vous infructueux avec des conseillers d'orientation qui voulaient me coller en SMS, je trouve, enfin, ce que je veux: STL option biochimie génie biologique, plus de 13h de TP par semaine. Je dépose mon dossier et je serais acceptée pour deux années de pur bonheur. Moi qui ne comprenais rien aux calculs de masse moléculaires, tout deviendra limpide. Je m'éclate; boites de pétries, bactérie, nitrate d'argent, réactifs en tout genre, machines dont je ne soupçonnais pas l'existence deviendrons mon quotidien. Je comprends tous mes cours et j'y prends du plaisir. J'aurais le BAC avec mention, à la stupéfaction générale.Comprenez à la stupéfaction de ma mère " on le pensait vraiment pas" sera sa première phrase quand elle l'annoncera à la famille. Voilà pour le premier chapitre, dites moi ce que vous en pensez!!!- prépa au concours:
Septembre 1999, les choses sérieuses commencent pour moi; je suis en école de préparation au concours d'entrée en école d'infirmière.
J'intègre une école privée dans une ville qui se situe au milieu de ma Bretagne natale, moyenne d'âge des habitants: 70 ans je dirais!!!
J'ai un peu peur mais l'idée d'être du lundi au vendredi loin de mes parents me remplie d'une pseudo indépendance qui me plait bien. Je vais vivre chez un couple de retraités très gentil, qui m'apportera tous les jeudi soir ( l'hivers ) un bol de soupe des légumes de leur jardin. Ils n'avaient presque rien et le peu qu'ils avaient, ils le partageaient. Mr et Mm F. resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Pendant 7 mois, je vécut, la semaine, dans une chambre ne contenant qu'une armoire massive, un lit, une table et une chaise. Pas de télé juste un poste radio avec lecteur CD relativement capricieux. Autant dire que j'y était juste pour bosser et dormir... Chaque jours, après les cours, je trainais dans les rues de cette petite ville.
Je me souviens d'une sortie avec des amies, le choix des divertissements étant très restreint, nous décidâmes d'aller faire une partie de billard dans un des (nombreux ) bars. Un vrai choc des générations, nous sommes toutes les 4 installées à une table pendant qu'une dizaines de papis nous regardent fixement. Nous avons l'impression d'être des bêtes de foire, ou de la chair fraiche au choix. Nous bûmes notre soda à la vitesse grand V, tampis pour la partie de billard, et nous voilà hilares à la sortie de ce bar, nous promettant de ne plus avoir d'idées aussi foireuses...
Je ne garde pas vraiment un bon souvenir de ces 7 mois, les cours étaient chiants mais nécessaires. Cependant, un cours du lundi m'intéressait, c'était un cours où on décortiquait l'actualité de la semaine passée, et souvent la prof nous laissait parler librement. Je me souviens d'un cours en particulier, sur l'homosexualité. Chacun exposant son avis, pour ou contre, et tout d'un coup un camarade se lève et dit “ je suis contre, car dans la bible c'est Adam et Eve; pas Adam et Yves”. Tout le monde le regarde, personne ne parle, au bout d'un moment des sourires étendent nos lèvres; certains francs d'autres gênés. Dans ma tête c'est l'hilarité complète. Aujourd'hui j'écoute cet opinion avec beaucoup plus de compréhension.
Au mois de Mars, l'école nous fait passer notre premier oral blanc. Je stress, je bafouille, ne trouve pas les mots. Et le verdict sera très sévère: immature, ne gère pas son stress...
Remise en question, doute, petite déprime, mais surtout l'envie de prouver que je suis capable de le faire. Alors je trouve un stage d'observation, comprenez: on te montre tout mais pas les patients; on te donne des noms des pathologies du service mais on ne les explique pas, et au final, les personnes que j'aurais le plus suivit seront les ASH et les aides soignantes.
Mais l'heure des concours arrive à grands pas, il faut donc choisir les écoles où j'aimerais étudié. Chaque demande de dossier d'inscription étant payante, je ne peux pas me permettre d'en demander beaucoup, cependant un choix est sur c'est le concours en école dans les hôpitaux de l'AP-HP. Je passerais donc 5 concours.
L'oral de l'AP-HP sera mon premier. Mon niveau de stress est à son paroxysme, je n'ai pas mangé depuis la veille, chaque odeur de nourriture solide ou liquide me donne des nausées. Nous sommes une vingtaine dans une petite salle, je me sens petite dans cette “foule”. Nous avons, enfin, notre sujet: les médecines douces, alternatives. J'ai bénis ma mère de s'être tournée, depuis quelques années, vers l'homéopathie, la sophrologie, la réflexologie plantaire. Les idées viennent toutes seules sur le papier. Les quinze minutes de préparation passées, une personne m'appelle pour m'amener devant le jury. Deux femmes et un homme, je me sens mal, une boule dans le ventre, mes mains tremblent; suivies par mes jambes une fois assise. Ils me regardent, me disent de me calmer et les questions commencent. Je n'ai plus aucun souvenir de cet entretien, mon souvenir suivant est moi sur un banc un café à la main, les larmes aux yeux et contente que ce soit fini.
Au final, je passerais deux oraux, ayant été admise à l'AP-HP, avec mes parents nous décidâmes que je n'irais pas au troisième.
- anecdote du départ:
Ma sœur et moi sommes parties pour la région parisienne la même année. Ma sœur est partie une ou deux semaines avant moi, et nous sommes, donc, tous allé à la gare l'accompagner. Ma mère est déjà en larmes dans la voiture, le trajet ne sera que conseils, mise en garde mais surtout des paroles bienveillantes envers ma sœur. L'attente du train se fait dans les larmes; ma mère et ma sœur se serrant des les bras, ne voulant pas se séparer; moi essayant de faire ma place dans ce duo. Après tout c'est aussi ma sœur. Au départ du train, ma mère ne dira plus un mot, on n'entendra d'elle que les hoquets de ses sanglots. Une semaine plus tard, ce fut mon tours de prendre mon train. Mêmes mises en garde, mêmes conseils de la part de ma mère, même scénario que pour ma sœur à un détails près: pas de larmes. Ma mère est sérieuse presque autoritaire avec moi. L'attente du train se fait dans le silence. Je monte dans ce train, m'installe derrière la vitre, mais je ne vois toujours pas de larmes dans le regard de ma mère; ses yeux sont rouges certes, mais égoïstement, moi aussi je veux des larmes pour MON départ. Larmes que je n'aurais pas. Des années plus tard, je reparlerais de cet "épisode" avec ma mère. Cette dernière me dira qu'elle se faisait moins de soucis pour moi car j'étais plus débrouillarde que ma sœur. Qu'elle s'en faisait beaucoup moins pour moi car elle savait que je ne déprimerais pas comme ma sœur, que je relèverai la tète bien plus vite que ma sœur. Décidément, ma mère me connait très mal. Je lui dirais juste que j'aurais aimé qu'elle verse quelques larmes pour moi aussi, que je sente que j'allais lui manquer autant que ma sœur. Elle s'en excusera admettant que, sur le coup, elle s'en faisait plus pour ma soeur que pour moi et m'avouera avoir beaucoup pleurer, une fois le train parti; et qu'elle ne voulait pas pleurer devant moi. Cette histoire m'aura ouvert les yeux sur la différence de traitement et de comportement qu'elle a fait entre ma sœur et moi. Même si elle ne se l'avouera jamais, durant notre enfance, ma sœur et moi n'avons pas été mise sur le même piédestal.
~ - rentrée et premier stage:
Me voilà donc dans une nouvelle ville, pour une nouvelle vie.
Mes premières impressions : c’est moche, ça pue, c’est bruyant. Pour une campagnarde comme moi, arrivée dans une ville faite d’immeubles, un malheureux arbre tous les 200 mètres, un incessant concours de bruits de pots d’échappement et de démarrage le plus rapide au feu vert, de celui qui klaxonnera le plus : le choc est rude !!! Mon appartement fait 20 m², il est vieux, très mal agencé, des fenêtres qui ferment je ne sais comment, mais surtout des murs en papiers carton qui me feront profiter du film pour adulte, tous les premiers samedi du mois de la chaîne crypté, de mes voisins de droite ; du ménage dominical de ma voisine du dessus, et des engueulades à répétition de mes voisins de gauche. Cet appartement, je vais le haïr durant les 6 années que j’y passerais.
Maintenant, avec du recul, je me rends compte de l’immense chance que j’ai eut de bénéficier, alors que je suis étudiante, d’un 20 m² entièrement payé par mes parents et de ce fait, je n’ai pas eut besoin de travailler pendant mes études ! Merci, papa maman pour ce merveilleux cadeau.
Arrive mon premier jour à l’I.F.S.I. (Institut de Formation en Soin Infirmiers) . Je me sens seule et toute petite parmi cette soixantaine d’étudiants et je me demande ce que je fais là à 500 km de ma Bretagne natale, de mes amis, de ma famille, de ma MAISON. Nous sommes dehors, attendant que l’on vienne nous chercher. J’observe : de petits groupes se forment déjà, certains ont l’air de se connaître. Moi, je reste seule dans mon coin, ma timidité m’empêche d’aller vers les autres. Deux formatrices apparaissent, nous souhaitent la bienvenue et nous invitent à descendre au sous sol pour nous installer dans l’amphithéâtre, qui sera notre salle de cours commun. S’en suit une longue et interminable matinée de présentation, où chacun de nous devait se lever et dire d’où il venait, son cursus scolaire, son âge (en plus du nom et prénom cela va sans dire) et sûrement d’autres informations que j’ai oubliées… Pendant que les autres, devant moi, se présentent ; je me répète les quelques phrases que je vais dire, par peur de bafouiller, de mélanger mes mots (chose que je fais toujours lors de mes formations d’ailleurs ). Cependant, je capte quelques informations intéressantes : je ne suis pas la seule bretonne, je repère donc les visages de mes compatriotes, ce sera plus facile pour moi pour engager la conversation. . L’après midi, nous rempliront des formulaires et questionnaires style portrait chinois, je n’y vois pas (sur le coup) l’utilité mais je me prête au jeu très volontiers. Pendant la pause, j’essaye tant bien que mal de me rapprocher des bretons, me disant qu’entre expatriés on devrait s’entendre. Je fais la connaissance de E., nous sommes du même coin, elle a l’air aussi paumée que moi et le courant passe très vite entre nous. C’est donc tout naturellement que je l’invite, à la fin de cette première journée, à prendre un café ou autre à la cafétéria de l’hôpital pour faire plus ample connaissance, mais surtout, je n’ai aucune envie ( tout comme elle) de rentrer tout de suite. Malheureusement, la cafétéria finit par fermer et nous devons nous rendre à l’évidence : ils nous faut rentrer dans notre appartement respectif.. Tout l’excitation de cette première journée redescend au rythme de mes pas qui me ramènent « chez moi ».
Je déprime une nouvelle fois en tournant mes clefs dans la serrure ; j’ouvre ma porte et mes yeux se posent sur ce désert qu’est mon appartement. Pendant une semaine, j’ai vécu avec un matelas pneumatique, un radio réveil, une plaque électrique, une casserole, une tasse, une assiette et des couverts… Mes parents arriveront une semaine plus tard pour me meubler, la première phrase de ma mère sera : « ha oui quand même » ; oui maman voilà où j’habite mais surtout voilà ma nouvelle ville. Les premières semaines de cours ne seront, pour moi, que des révisions de l’anatomie humaine, la mitose et méiose, suivis de quelques cours de TP.
Puis vient mon premier stage : la psychiatrie. Je suis heureuse car ce service m’attire. Je suis dans un secteur ouvert, c'est-à-dire que les patients vont et viennent à leur guise pendant la journée, certains sortant même de l’enceinte de l’hôpital… De plus, je ne suis pas seule, N. une camarade de promo est dans le même service que moi. Ce stage sera très instructif pour moi, j’y verrais la schizophrénie, la psychose infantile, la mélancolie, les maniaco-dépressifs (il me semble d'ailleurs, que ça a changé de nom depuis!), la potomanie (le fait de boire des litres et des litres d'eau). J’ai assisté à une séance de sismothérapie, j’ai trouvé cela barbare de voir cette dame se crisper à n’en plus finir; mais il parait que c’est efficace dans certains cas.
J'ai subit le ballet incessant des schizophrènes venant dans notre poste de soins pour se regarder dans la glace, car il faut savoir que les schizophrènes ont une image déformée de leur physique (un peu comme les anorexiques) et que dans leur subconscient, ils se voient tel un portrait de Picasso. J’ai subit les sautes d’humeur de certains patients qui pouvaient passer du calme plat à la destruction de leur chambre en moins d'une minute. Ma collègue et moi avions l'obligation de nous écarter au plus vite quand cela arrivait.
Un matin, alors que je coiffais une patiente, cette dernière prend ma main et me dit droit dans les yeux : « vous savez peut être pas, mais vous coiffez la femme de Dieu ». Ne sachant quelle attitude adoptée, j'ai opté pour un simple « hum hum ». Inutile de préciser que mon moi intérieur se bidonnait à n'en plus finir. Cette même patiente qui, quelques jours plus tard, sera fière de me montrer sa nouvelle acquisition au nom de son mari : le tapis de prière de son voisin de chambre, musulman.
Une patiente M., soixante ans pour quarante années en psychiatrie, une grande dame très mince et persuadée, depuis quarante ans, d'être enceinte. Un matin, elle viendra nous voir pour nous dire qu'elle a très mal au ventre, par spasmes. Un infirmier lui répond qu'elle va enfin accoucher, dans un éclair de lucidité, elle le regarde et avec un petit sourire et lui demande de ne pas se moquer d'elle. En quatre semaines, c'est la seule fois où je l'ai vu sourire.
Je me souviens aussi de ces patients, postés au garde à vous, devant leur chambre, attendant qu’on leur donne leur traitement, comptant les gouttes avec nous et partir dans une colère noire si on oubliait une goutte.
Ma dernière semaine sera la plus intense en émotions.
D’une part par l’arrivée d’un homme d’une quarantaine d’années, paraissant vingt de plus, alcoolique. Il venant de son propre chef pour sevrage alcoolique. Visiblement, cet homme avait pratiqué ce vieil adage « une dernière pour la route ». Je ne sais pas si c’était une dernière bouteille ou une dernière étagère, mais je me souviens de ce relent d’alcool quand je suis rentrée dans sa chambre, m’envoyant quatre grammes d’alcool dans les poumons au passage. Durant tout l’entretien avec le psychiatre, je me répétais sans cesse « je vais vomir, je vais vomir ». Revenue dans le poste de soins, tous les regards se tournèrent vers le médecin derrière moi. Il répondit à ces regards par « trois jours », il n’eut pas tord, le deuxième matin, cet homme n’était plus dans sa chambre, on le revit vers midi, empestant l’alcool.
D’autre part, par le transfert d’un patient de l’unité fermée (qui avait besoin de la place pour accueillir un nouveau patient). Un homme jeune, très grand et très gros qui, à chaque fois qu’on le croisait, nous dévisageait du coin de l’œil, mâchoire serrée. Je rasais les murs en sa présence, surtout lorsque j’ai appris pourquoi il était en psychiatrie.
Je garde un très bon souvenir de l’équipe soignante : joviale, sérieuse, à l’écoute des patients, des familles mais de nous également. Cependant, ils avaient tous le sentiment que tout le monde est fou, ne voyant que les névroses des gens…
Ce stage m’aura ouvert les yeux sur un point : la psychiatrie, ce n’est pas pour moi.
Dernière édition par Esca le Lun 16 Sep - 21:01, édité 3 fois | |
|  | | Lelouch Kyubi


Nombre de messages : 2652 Date d'inscription : 23/06/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 3 Aoû - 20:43 | |
| C'est très beau comment tu as eu envie de devenir Infirmière, et je trouve le récit très bien rédigé.
Mais j'ai une question qu'est ce qui t'a pousser à faire STL alors que les conseillers d'orientation t'on proposé SMS ? | |
|  | | Mérenrê Kyubi


Nombre de messages : 1382 Age : 26 Lisez-vous les scans ? : Non Date d'inscription : 11/05/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 3 Aoû - 21:07 | |
| POwah, ça a juste super extra intéressant, moi qui suis intéressé par les reportages (surtout militaire, hopital et pompier) je vais être comblé. J'ai pas encore commencé mais ça m'intrigue vraiment de suivre le quotidien d'une infirmière, qui plus est la grande sage Esca  | |
|  | | moi_meme MMéchant Modo


Nombre de messages : 5141 Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 13/02/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 3 Aoû - 21:33 | |
| | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 3 Aoû - 23:34 | |
| Merci, pour vos coms.
Lelouch:Je ne voulais pas faire SMS car ça ne me correspondait pas , dans le sens où SMS c'est des cours assis sur une chaise. Et moi, je voulais des TP, je voulais manipuler.
MM: j'ai fais 2 secondes générales, puis ma 1è et ma Term en STL ( Sciences et Techniques de Laboratoire) option biochimie génie biologique ( appélation d'époque ) c'est à dire essentiellemnt de la biologie humaine, microbiologie et biochimie. plus physique-chimie un peu de maths, un peu d'histoire-géo et très peu de philo. | |
|  | | moi_meme MMéchant Modo


Nombre de messages : 5141 Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 13/02/2011
 | |  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Dim 4 Aoû - 0:36 | |
| Oups désolée!!! XD
j'ai eut la chance d'en avoir un tout près de chez moi à Lanester. ( y en avait un autre tout près mais c'était en privée ) | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 2:14 | |
| Voilà la suite, bonne lecture. - Spoiler:
Septembre 1999, les choses sérieuses commencent pour moi; je suis en école de préparation au concours d'entrée en école d'infirmière.
J'intègre une école privée dans une ville qui se situe au milieu de ma Bretagne natale, moyenne d'âge des habitants: 70 ans je dirais!!!
J'ai un peu peur mais l'idée d'être du lundi au vendredi loin de mes parents me remplie d'une pseudo indépendance qui me plait bien. Je vais vivre chez un couple de retraités très gentil, qui m'apportera tous les jeudi soir ( l'hivers ) un bol de soupe des légumes de leur jardin. Ils n'avaient presque rien et le peu qu'ils avaient, ils le partageaient. Mr et Mm F. resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Pendant 7 mois, je vécut, la semaine, dans une chambre ne contenant qu'une armoire massive, un lit, une table et une chaise. Pas de télé juste un poste radio avec lecteur CD relativement capricieux. Autant dire que j'y était juste pour bosser et dormir... Chaque jours, après les cours, je trainais dans les rues de cette petite ville.
Je me souviens d'une sortie avec des amies, le choix des divertissements étant très restreint, nous décidâmes d'aller faire une partie de billard dans un des (nombreux ) bars. Un vrai choc des générations, nous sommes toutes les 4 installées à une table pendant qu'une dizaines de papis nous regardent fixement. Nous avons l'impression d'être des bêtes de foire, ou de la chair fraiche au choix. Nous bûmes notre soda à la vitesse grand V, tampis pour la partie de billard, et nous voilà hilares à la sortie de ce bar, nous promettant de ne plus avoir d'idées aussi foireuses...
Je ne garde pas vraiment un bon souvenir de ces 7 mois, les cours étaient chiants mais nécessaires. Cependant, un cours du lundi m'intéressait, c'était un cours où on décortiquait l'actualité de la semaine passée, et souvent la prof nous laissait parler librement. Je me souviens d'un cours en particulier, sur l'homosexualité. Chacun exposant son avis, pour ou contre, et tout d'un coup un camarade se lève et dit “ je suis contre, car dans la bible c'est Adam et Eve; pas Adam et Yves”. Tout le monde le regarde, personne ne parle, au bout d'un moment des sourires étendent nos lèvres; certains francs d'autres gênés. Dans ma tête c'est l'hilarité complète. Aujourd'hui j'écoute cet opinion avec beaucoup plus de compréhension.
Au mois de Mars, l'école nous fait passer notre premier oral blanc. Je stress, je bafouille, ne trouve pas les mots. Et le verdict sera très sévère: immature, ne gère pas son stress...
Remise en question, doute, petite déprime, mais surtout l'envie de prouver que je suis capable de le faire. Alors je trouve un stage d'observation, comprenez: on te montre tout mais pas les patients; on te donne des noms des pathologies du service mais on ne les explique pas, et au final, les personnes que j'aurais le plus suivit seront les ASH et les aides soignantes.
Mais l'heure des concours arrive à grands pas, il faut donc choisir les écoles où j'aimerais étudié. Chaque demande de dossier d'inscription étant payante, je ne peux pas me permettre d'en demander beaucoup, cependant un choix est sur c'est le concours en école dans les hôpitaux de l'AP-HP. Je passerais donc 5 concours.
L'oral de l'AP-HP sera mon premier. Mon niveau de stress est à son paroxysme, je n'ai pas mangé depuis la veille, chaque odeur de nourriture solide ou liquide me donne des nausées. Nous sommes une vingtaine dans une petite salle, je me sens petite dans cette “foule”. Nous avons, enfin, notre sujet: les médecines douces, alternatives. J'ai bénis ma mère de s'être tournée, depuis quelques années, vers l'homéopathie, la sophrologie, la réflexologie plantaire. Les idées viennent toutes seules sur le papier. Les quinze minutes de préparation passées, une personne m'appelle pour m'amener devant le jury. Deux femmes et un homme, je me sens mal, une boule dans le ventre, mes mains tremblent; suivies par mes jambes une fois assise. Ils me regardent, me disent de me calmer et les questions commencent. Je n'ai plus aucun souvenir de cet entretien, mon souvenir suivant est moi sur un banc un café à la main, les larmes aux yeux et contente que ce soit fini.
Au final, je passerais deux oraux, ayant été admise à l'AP-HP, avec mes parents nous décidâmes que je n'irais pas au troisième.
Dernière édition par Esca le Mar 6 Aoû - 12:06, édité 1 fois | |
|  | | yukiona Gamabunta


Nombre de messages : 894 Localisation : Chou's Mafu Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/05/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 2:55 | |
| ça été rapide c'que tu voulais faire plus tard Sinon très généreux les papis qui t'hébergeaient pour le peu qu'ils avaient Bon récit en tout cas coquinouchou  | |
|  | | Lelouch Kyubi


Nombre de messages : 2652 Date d'inscription : 23/06/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 3:25 | |
| - Esca a écrit:
- Nous bûmes notre soda à la vitesse grand V
Bien sur oui que du Soda Sinon très bon récit encore une fois =) | |
|  | | Mérenrê Kyubi


Nombre de messages : 1382 Age : 26 Lisez-vous les scans ? : Non Date d'inscription : 11/05/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 3:50 | |
| J'ai lu les deux chapitres d'une traite et ça m'a beaucoup plus, j'aime bien ta façon de raconter. C'est super intéressant tous ces détails. Pour l'instant, c'est un peu l'intro mais c'est indispensable pour mieux comprendre le reste et se mettre dans le bain. Vivement le prochain chapitre  | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 12:04 | |
| Merci pour les coms, Yuki, en premier lieu je voulais faire vétérinaire dans un parc animalier et plus particulièrement auprès des orques mais étant encore allergique à l'époque, j'ai vite abandonné cette idée. | |
|  | | moi_meme MMéchant Modo


Nombre de messages : 5141 Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 13/02/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 12:49 | |
| comment tu fais pour te souvenir de tout ca en détails ????
Sincèrement je n'ai plus aucun souvenir de mon concours d'entrée en podo.
En tout cas j'aime bien c'est sympa, on sent que tu essayes d'avoir un style | |
|  | | Lelouch Kyubi


Nombre de messages : 2652 Date d'inscription : 23/06/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 6 Aoû - 12:52 | |
| - moi_meme a écrit:
- comment tu fais pour te souvenir de tout ca en détails ????
Un cahier de bord peut être ... | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | |  | | yukiona Gamabunta


Nombre de messages : 894 Localisation : Chou's Mafu Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/05/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 20 Aoû - 0:58 | |
| Une suite prochainement ma coquinouille ? | |
|  | | Mérenrê Kyubi


Nombre de messages : 1382 Age : 26 Lisez-vous les scans ? : Non Date d'inscription : 11/05/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Mar 20 Aoû - 1:14 | |
| Mais attends, là elle est en vacances et profite du calme, rappelles lui pas le boulot ! ou alors t'es vraiment sadique et du coup je t'admire | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 14 Sep - 17:34 | |
| Voilà, voilà, j'ai ressorti mon livret de formation et je vais pouvoir vous faire part de mes souvenirs dans l'ordre chronologique de mes stages ^^- anecdote du départ:
Ma sœur et moi sommes parties pour la région parisienne la même année. Ma sœur est partie une ou deux semaines avant moi, et nous sommes, donc, tous allé à la gare l'accompagner. Ma mère est déjà en larmes dans la voiture, le trajet ne sera que conseils, mise en garde mais surtout des paroles bienveillantes envers ma sœur. L'attente du train se fait dans les larmes; ma mère et ma sœur se serrant des les bras, ne voulant pas se séparer; moi essayant de faire ma place dans ce duo. Après tout c'est aussi ma sœur. Au départ du train, ma mère ne dira plus un mot, on n'entendra d'elle que les hoquets de ses sanglots. Une semaine plus tard, ce fut mon tours de prendre mon train. Mêmes mises en garde, mêmes conseils de la part de ma mère, même scénario que pour ma sœur à un détails près: pas de larmes. Ma mère est sérieuse presque autoritaire avec moi. L'attente du train se fait dans le silence. Je monte dans ce train, m'installe derrière la vitre, mais je ne vois toujours pas de larmes dans le regard de ma mère; ses yeux sont rouges certes, mais égoïstement, moi aussi je veux des larmes pour MON départ. Larmes que je n'aurais pas. Des années plus tard, je reparlerais de cet "épisode" avec ma mère. Cette dernière me dira qu'elle se faisait moins de soucis pour moi car j'étais plus débrouillarde que ma sœur. Qu'elle s'en faisait beaucoup moins pour moi car elle savait que je ne déprimerais pas comme ma sœur, que je relèverai la tète bien plus vite que ma sœur. Décidément, ma mère me connait très mal. Je lui dirais juste que j'aurais aimé qu'elle verse quelques larmes pour moi aussi, que je sente que j'allais lui manquer autant que ma sœur. Elle s'en excusera admettant que, sur le coup, elle s'en faisait plus pour ma soeur que pour moi et m'avouera avoir beaucoup pleurer, une fois le train parti; et qu'elle ne voulait pas pleurer devant moi. Cette histoire m'aura ouvert les yeux sur la différence de traitement et de comportement qu'elle a fait entre ma sœur et moi. Même si elle ne se l'avouera jamais, durant notre enfance, ma sœur et moi n'avons pas été mise sur le même piédestal.
Voilà, c'est un chapitre très court, désolée.Le prochain est déjà écrit au brouillon, mais je n'ai pas le temps de l'écrire, j'espère pouvoir le mettre bientôt en ligne. | |
|  | | Rhoodes AphRHOODite

Nombre de messages : 3912 Localisation : WC. Date d'inscription : 12/06/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 14 Sep - 18:14 | |
| Esca... Ton histoire m'a trop touchée J'aime beaucoup comment tu ecris , vivement un autre | |
|  | | Lelouch Kyubi


Nombre de messages : 2652 Date d'inscription : 23/06/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Sam 14 Sep - 18:26 | |
| - Citation :
- Même si elle ne se l'avouera jamais, durant notre enfance, ma sœur et moi n'avons pas été mise sur le même piédestal.
T'en fait pas même chez moi c'était pareille mais c'est vrai que parfois quand on verse quelques larmes pour une personne sa fais du bien de voir à quel point on peut lui manquer. Très bon récit j'attends la suite. | |
|  | | Mérenrê Kyubi


Nombre de messages : 1382 Age : 26 Lisez-vous les scans ? : Non Date d'inscription : 11/05/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Dim 15 Sep - 0:15 | |
| C'est triste de se retrouver dans cette situation, pour moi, c'est impossible de préférer un de ses enfant à un autre... Toujours aussi bien narré, j'attends la suit avec impatience | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Lun 16 Sep - 4:52 | |
| | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Lun 16 Sep - 20:29 | |
| Voilà la suite, c'est peut être un peu long, dites moi si ma façon de narrer ne vous convient pas - rentrée et premier stage:
Me voilà donc dans une nouvelle ville, pour une nouvelle vie.
Mes premières impressions : c’est moche, ça pue, c’est bruyant. Pour une campagnarde comme moi, arrivée dans une ville faite d’immeubles, un malheureux arbre tous les 200 mètres, un incessant concours de bruits de pots d’échappement et de démarrage le plus rapide au feu vert, de celui qui klaxonnera le plus : le choc est rude !!! Mon appartement fait 20 m², il est vieux, très mal agencé, des fenêtres qui ferment je ne sais comment, mais surtout des murs en papiers carton qui me feront profiter du film pour adulte, tous les premiers samedi du mois de la chaîne crypté, de mes voisins de droite ; du ménage dominical de ma voisine du dessus, et des engueulades à répétition de mes voisins de gauche. Cet appartement, je vais le haïr durant les 6 années que j’y passerais.
Maintenant, avec du recul, je me rends compte de l’immense chance que j’ai eut de bénéficier, alors que je suis étudiante, d’un 20 m² entièrement payé par mes parents et de ce fait, je n’ai pas eut besoin de travailler pendant mes études ! Merci, papa maman pour ce merveilleux cadeau.
Arrive mon premier jour à l’I.F.S.I. (Institut de Formation en Soin Infirmiers) . Je me sens seule et toute petite parmi cette soixantaine d’étudiants et je me demande ce que je fais là à 500 km de ma Bretagne natale, de mes amis, de ma famille, de ma MAISON. Nous sommes dehors, attendant que l’on vienne nous chercher. J’observe : de petits groupes se forment déjà, certains ont l’air de se connaître. Moi, je reste seule dans mon coin, ma timidité m’empêche d’aller vers les autres. Deux formatrices apparaissent, nous souhaitent la bienvenue et nous invitent à descendre au sous sol pour nous installer dans l’amphithéâtre, qui sera notre salle de cours commun. S’en suit une longue et interminable matinée de présentation, où chacun de nous devait se lever et dire d’où il venait, son cursus scolaire, son âge (en plus du nom et prénom cela va sans dire) et sûrement d’autres informations que j’ai oubliées… Pendant que les autres, devant moi, se présentent ; je me répète les quelques phrases que je vais dire, par peur de bafouiller, de mélanger mes mots (chose que je fais toujours lors de mes formations d’ailleurs ). Cependant, je capte quelques informations intéressantes : je ne suis pas la seule bretonne, je repère donc les visages de mes compatriotes, ce sera plus facile pour moi pour engager la conversation. . L’après midi, nous rempliront des formulaires et questionnaires style portrait chinois, je n’y vois pas (sur le coup) l’utilité mais je me prête au jeu très volontiers. Pendant la pause, j’essaye tant bien que mal de me rapprocher des bretons, me disant qu’entre expatriés on devrait s’entendre. Je fais la connaissance de E., nous sommes du même coin, elle a l’air aussi paumée que moi et le courant passe très vite entre nous. C’est donc tout naturellement que je l’invite, à la fin de cette première journée, à prendre un café ou autre à la cafétéria de l’hôpital pour faire plus ample connaissance, mais surtout, je n’ai aucune envie ( tout comme elle) de rentrer tout de suite. Malheureusement, la cafétéria finit par fermer et nous devons nous rendre à l’évidence : ils nous faut rentrer dans notre appartement respectif.. Tout l’excitation de cette première journée redescend au rythme de mes pas qui me ramènent « chez moi ».
Je déprime une nouvelle fois en tournant mes clefs dans la serrure ; j’ouvre ma porte et mes yeux se posent sur ce désert qu’est mon appartement. Pendant une semaine, j’ai vécu avec un matelas pneumatique, un radio réveil, une plaque électrique, une casserole, une tasse, une assiette et des couverts… Mes parents arriveront une semaine plus tard pour me meubler, la première phrase de ma mère sera : « ha oui quand même » ; oui maman voilà où j’habite mais surtout voilà ma nouvelle ville. Les premières semaines de cours ne seront, pour moi, que des révisions de l’anatomie humaine, la mitose et méiose, suivis de quelques cours de TP.
Puis vient mon premier stage : la psychiatrie. Je suis heureuse car ce service m’attire. Je suis dans un secteur ouvert, c'est-à-dire que les patients vont et viennent à leur guise pendant la journée, certains sortant même de l’enceinte de l’hôpital… De plus, je ne suis pas seule, N. une camarade de promo est dans le même service que moi. Ce stage sera très instructif pour moi, j’y verrais la schizophrénie, la psychose infantile, la mélancolie, les maniaco-dépressifs (il me semble d'ailleurs, que ça a changé de nom depuis!), la potomanie (le fait de boire des litres et des litres d'eau). J’ai assisté à une séance de sismothérapie, j’ai trouvé cela barbare de voir cette dame se crisper à n’en plus finir; mais il parait que c’est efficace dans certains cas.
J'ai subit le ballet incessant des schizophrènes venant dans notre poste de soins pour se regarder dans la glace, car il faut savoir que les schizophrènes ont une image déformée de leur physique (un peu comme les anorexiques) et que dans leur subconscient, ils se voient tel un portrait de Picasso. J’ai subit les sautes d’humeur de certains patients qui pouvaient passer du calme plat à la destruction de leur chambre en moins d'une minute. Ma collègue et moi avions l'obligation de nous écarter au plus vite quand cela arrivait.
Un matin, alors que je coiffais une patiente, cette dernière prend ma main et me dit droit dans les yeux : « vous savez peut être pas, mais vous coiffez la femme de Dieu ». Ne sachant quelle attitude adoptée, j'ai opté pour un simple « hum hum ». Inutile de préciser que mon moi intérieur se bidonnait à n'en plus finir. Cette même patiente qui, quelques jours plus tard, sera fière de me montrer sa nouvelle acquisition au nom de son mari : le tapis de prière de son voisin de chambre, musulman.
Une patiente M., soixante ans pour quarante années en psychiatrie, une grande dame très mince et persuadée, depuis quarante ans, d'être enceinte. Un matin, elle viendra nous voir pour nous dire qu'elle a très mal au ventre, par spasmes. Un infirmier lui répond qu'elle va enfin accoucher, dans un éclair de lucidité, elle le regarde et avec un petit sourire et lui demande de ne pas se moquer d'elle. En quatre semaines, c'est la seule fois où je l'ai vu sourire.
Je me souviens aussi de ces patients, postés au garde à vous, devant leur chambre, attendant qu’on leur donne leur traitement, comptant les gouttes avec nous et partir dans une colère noire si on oubliait une goutte.
Ma dernière semaine sera la plus intense en émotions.
D’une part par l’arrivée d’un homme d’une quarantaine d’années, paraissant vingt de plus, alcoolique. Il venant de son propre chef pour sevrage alcoolique. Visiblement, cet homme avait pratiqué ce vieil adage « une dernière pour la route ». Je ne sais pas si c’était une dernière bouteille ou une dernière étagère, mais je me souviens de ce relent d’alcool quand je suis rentrée dans sa chambre, m’envoyant quatre grammes d’alcool dans les poumons au passage. Durant tout l’entretien avec le psychiatre, je me répétais sans cesse « je vais vomir, je vais vomir ». Revenue dans le poste de soins, tous les regards se tournèrent vers le médecin derrière moi. Il répondit à ces regards par « trois jours », il n’eut pas tord, le deuxième matin, cet homme n’était plus dans sa chambre, on le revit vers midi, empestant l’alcool.
D’autre part, par le transfert d’un patient de l’unité fermée (qui avait besoin de la place pour accueillir un nouveau patient). Un homme jeune, très grand et très gros qui, à chaque fois qu’on le croisait, nous dévisageait du coin de l’œil, mâchoire serrée. Je rasais les murs en sa présence, surtout lorsque j’ai appris pourquoi il était en psychiatrie.
Je garde un très bon souvenir de l’équipe soignante : joviale, sérieuse, à l’écoute des patients, des familles mais de nous également. Cependant, ils avaient tous le sentiment que tout le monde est fou, ne voyant que les névroses des gens…
Ce stage m’aura ouvert les yeux sur un point : la psychiatrie, ce n’est pas pour moi.
| |
|  | | Lelouch Kyubi


Nombre de messages : 2652 Date d'inscription : 23/06/2013
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Lun 16 Sep - 20:41 | |
| - Citation :
- mais surtout des murs en papiers carton qui me feront profiter du film pour adulte, tous les premiers samedi du mois de la chaîne crypté, de mes voisins de droite
Sa a dû être trop bien chiant quand même. - Citation :
- « vous savez peut être pas, mais vous coiffez la femme de Dieu »
Je ne devrais sans doute pas mais j'étais mort de rire la pauvre. Et j'ai une question cette fille que tu as rencontré le premier jours cette mademoiselle E. Là tu revus plus tard ? - Citation :
- les maniaco-dépressifs (il me semble d'ailleurs, que ça a changé de nom depuis!)
C'est pas la bipolarité sa ? A moins que je me trompe. | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière Lun 16 Sep - 21:07 | |
| - Citation :
- Et j'ai une question cette fille que tu as rencontré le premier jours cette mademoiselle E. Là tu revus plus tard ?
On a été très proche pendant un peu plus d'un an, puis elle comme moi, on a eut des affinités avec d'autres personnes de notre promo. On était toujours amies mais chacune dans un nouveau groupe d'amis. - Citation :
-
C'est pas la bipolarité sa ? A moins que je me trompe. Si si, c'est ça. Mais je crois que ça porte un autre nom maintenant.Tout comme sismothérapie, ce n'est plus ce terme maintenant. | |
|  | | Contenu sponsorisé
 | Sujet: Re: tribulation d'une infirmière  | |
| |
|  | | | tribulation d'une infirmière | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|