
|
| | [Fic] Luciole | |
| |
Alors, c'est comment ? (plusieurs réponses possibles !) | Super ! J'attends la suite avec impatience ! | | 0% | [ 0 ] | J'aime beaucoup, il y a néanmoins quelques erreurs à corriger. | | 0% | [ 0 ] | Pas trop mal ! | | 0% | [ 0 ] | Bof, à tout dire, j'ai vu mieux. | | 0% | [ 0 ] | On atteint les bas-fonds de la nullité. | | 25% | [ 1 ] | J'aime pas Seiko. | | 0% | [ 0 ] | La longueur des chapitres est (un peu) effrayante ! | | 0% | [ 0 ] | G pa lu | | 75% | [ 3 ] |
| Total des votes : 4 | | |
| Auteur | Message |
---|
Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: [Fic] Luciole Mer 22 Juil - 20:00 | |
| Bonjour à toutes et à tous ! Je tiens à vous présenter ma fanfiction basée sur l'univers de Naruto que j'écris depuis un bon moment et dont j'ai commencé la réécriture il y a quelques petites semaines. :3 Vuala, je vous souhaite une agréable lecture, et si vous avez des commentaires, des critiques, des conseils, surtout, n'hésitez pas, je n'attends que ça. :3 EDIT du mardi 28 juillet 2015 : Je vais mettre mes chapitres sous spoiler pour éviter de tuer nos doigts en cherchant un chapitre situé plus bas dans la page !EDIT du vendredi 31 juillet 2015 : Installation du sondage !___________________________________________________________________ PROLOGUE
[size=13]Le soleil brille de ses milles rayons dans un ciel azuré, offrant au village un aspect magnifique. Quelques nuages se profilent à l'horizon sans pour autant gâcher cette splendeur du matin. Dans une rue éclaircie par l'astre diurne, une petite enfant ne dépassant pas le un mètre trente marche avec un sourire enchanté sur son visage et un ours en peluche en guise de sac à dos au milieu d'une foule grouillante d'éclats. Ses yeux d'un noir épatant, dans lesquels distinguer leur pupille est clairement impossible, observe avec la même curiosité depuis ses petites années ces géants de bois, de briques et de ciment qui se dressent le long des allés.
- Seiko ! s'écrie une voix aiguë dans son dos.
La petite fille se retourne, agréablement surprise que quelqu'un vienne à elle. C'est Sakura qui accourt avec les bras battant l'air, un sac à dos sur les épaules.
- Salut ! s'égaye Seiko une fois cette-dernière arrivée à son niveau. Ça va ? - Oui ! Ça fait trois ans que je t'appelle ! - Désolée… - C'est pas grave ! assure Sakura en rouvrant la marche. Tu sais qu'on a un contrôle aujourd'hui ?
Les yeux de la gamine s'arrondissent soudainement et ses pas deviennent moins stable, la peur envahissant son petit cœur d'élève moyenne.
- Non… - J'ai pas révisé, j'avais la flemme, dit l'enfant aux yeux d'émeraude. Mais ça va, c'est facile. - C'est sur quoi ? - Les multiplications. Iruka-sensei a dit d'apprendre par cœur pour la semaine dernière. - Euh… Je pourrai me mettre à côté de toi ?… - Hein ? Euh… je sais pas si c'est une bonne idée… si i' nous voit, on est morte… - Je ferai attention, s'élance Seiko en se positionnant devant. Promis…
Sakura regarde son amie d'un œil soucieux, mesurant probablement le pour et le contre de la réponse à cet appel de détresse. Au final, elle secoue négativement la tête, l'air navre :
- Désolée, je peux pas. Si Iruka-sensei nous voit, on aura zéro toutes les deux. - Mais il faisait pas ça aux autres contrôles ! - Il a dit que c'est la nouvelle règle… En plus, si j'ai une mauvaise note, mes parents vont m'engueuler.
Seiko baisse la tête, déçue de ne pas pouvoir compter sur l'aide de son amie aux cheveux roses qui se situe parmi les meilleurs de la classe. Un vent du nord froisse la rivière qui traverse Konoha, emportant les feuilles des arbres et les pétales de cerisiers qui viennent s'échouer sur les flots. Haruno Sakura est une petite fille au grand front ; on dit que c'est un trait physique typique des personnes intelligentes, elle en est la preuve. Ses cheveux roses mi-long atteignent ses omoplates et quelques mèches du devant encadrent son visage angélique. Des yeux semblables à deux émeraudes s'harmonisent avec les couleurs de sa beauté florale et ornent un petit nez pointu. Sa bouche aux lèvres exquises accentue la délicatesse de son visage paré de joues rondes et rosées. Elle n'a pas neuf ans qu'elle ressemble à une princesse de la flore.
Seiko et Sakura arrivent à l'Académie en même temps que beaucoup d'autres enfants. Elles restent ensemble avant l'entrée en classe, puis une fois que la sonnerie retentit, elles se rangent dans les rangs en attendant l'arrivée de leur instituteur qui les accompagne jusqu'à leur salle. Sakura vient trouver sa place aux côtés d'Uchiwa Sasuke, un jeune garçon assombri par ses malheurs et très apprécié des filles. Seiko a déjà tenté une approche amicale avec lui, car ils ont tout les deux un passé difficile bien que très différent, mais il l'a rejetée froidement en appuyant sur son inutilité et sa bêtise. Vexée, la petite a décidé de ne plus lui adresser la parole… Elle s'est plutôt tournée vers Uzumaki Naruto, un enfant qui n'a, tout comme elle, jamais connu ses parents, vivant seul sous le tutorat d'Iruka et rejeté par le village pour une raison qu'elle ne juge pas dangereuse. Cependant, sa mère adoptive lui défend de s'approcher de lui alors elle a rompu l'amitié sans pour autant la transformer en une forme de mépris. Elle se souvient que ce garçon en a été profondément vexé, qu'il en a pleuré. Cela lui a fait mal, alors elle s'est promise de l'aider s'il rencontre une difficulté, qu'importe le prix et le risque. Sakura s'est assise aux côtés de Sasuke, donc, et Naruto a cherché à s'approcher de la jolie fleur rose, en vain : un autre garçon s'est installé. Seiko s'est placée à gauche de Yamanaka Ino, une autre fille qui a l'Uchiwa dans son viseur.
Iruka salue ses élèves, puis commande à ce que l'on sorte une feuille dans un brouhaha de mécontentement.
- Trois fois quatre, articule l'instituteur. Huit fois sept. Cinq fois six. Deux fois dix. Neuf fois zéro. Neuf fois trois. Six fois six…
Et au fur-et-à-mesure que les opérations défilent, Seiko voit sa note plonger vers le zéro absolu. Ses doigts emmêlés dans ses cheveux bouclés, elle essaie en vain de retrouver visuellement les pages de son cahier de mathématiques. À côté d'elle, Naruto galère autant. Ino semble néanmoins ne trouver aucune difficulté. Alors elle prend son courage à deux mains et jette un rapide coup d'œil sur Iruka qui fixe l'Uzumaki. Il ne lui facilite pas la tâche… Par chance, un élève fait renverser sa trousse pleine. Profitant de cette diversion, Seiko réussi à grappiller quelques résultats qui lui semblent cohérents sur la feuille de sa voisine. Elle prononce les nombres dans sa tête en les lisant rapidement, dans l'ordre, détache son regard, se souvient du son de sa voix, et le répète. Elle finit par compléter sa feuille, non entièrement, mais la bonne note est assurée si les réponses d'Ino sont justes. À trois minutes de la fin de l'examen, Naruto n'a toujours rien écrit, à l'exception de deux ou trois réponses évidentes… Alors Seiko l'interpelle par un léger coup de pied dans le mollet et dirige discrètement sa feuille dans la direction de son camarade. Au moins, cela, il peut le faire…
- Bien ! Je ramasse.
Naruto profite de cet instant pour copier rapidement les résultats sur sa feuille. Enfin, Ino, Seiko et lui rendent leur copie à Iruka lorsqu'il vient à leur table. La fillette esquisse un léger sourire timide remplit de complicité sans pour autant regarder Naruto.
- Merci, chuchote-t-il.
Satisfaite de sa bonne action, Seiko balance joyeusement ses jambes en avant et en arrière.
- Nous allons maintenant entamer l'histoire de nos ancêtres, lance Iruka après avoir rangé les copies dans un coin de son bureau. Mais pour cela, il vous faut acquérir certaines bases de la mythologie. Sortez vos cahier. Quelqu'un peut-il m'en parler ?
Un élève lève brusquement la main.
- Oui ? - Il y a deux dieux qui ont fait le monde. C'est Izanami et Izanagi. - C'est exact, appuie le professeur. Trois autres dieux sont nés d'Izanagi : Susanoo, le dieu qui règne sur les océans, Amaterasu, la déesse du Soleil, et Tsukiyomi, le dieu de la Lune. C'est la légende folklorique. Mais sachez qu'une tribu ancienne nommée Hing suivait une version différente de cette légende. Elle raconte qu'Amaterasu, Susanoo et le dieu de la terre Saruka-Hiko se seraient associés pour faire pousser une fleur, et que de cette fleur seraient nés trois autres dieux…
Seiko a rapidement décroché du cours et a préféré s'évader dans son esprit. Un moment, Ino l'interpelle :
- Je sais que t'as copié sur moi.
La petite fille aux boucles noires évite son regard, embarrassée…
- J'le dirai pas à Iruka-sensei, mais si tu veux, j'ai une astuce pour avoir la réponse… - C'est quoi ? s'enquiert alors Seiko qui déteste tricher. - En fait, par exemple, si t'as trois fois huit, si tu sais ça fait quoi deux fois huit, t'as qu'à faire deux fois huit plus huit. - Euh… - Bah ça fait combien deux fois huit ? - Euh… seize ? - Oui, et si tu veux faire trois fois huit, t'ajoutes plus huit. - Vingt-quatre ? - Voilà, c'est pareil avec la table de deux. Tu sais compter de deux en deux ? - Oui : deux, quatre, six, huit, dix… - Deux fois un, ça fait deux, deux fois deux, ça fait quatre, deux fois trois, ça fait six… En fait, tu comptes de deux en deux quand tu fais la table de deux, et de huit en huit quand tu fais la table de huit ! - C'est qui qui t'a appris ça ? s'émerveille Seiko.
Ino prend soudainement un air de fierté.
- Je l'ai apprise toute seule ! - Ino et Seiko ! replace Iruka.
La petite fille au sac en peluche se plait à tester toutes les combinaisons dans son esprit, et effectivement, elle se rend compte que cette astuce fonctionne pour tout.
Les heures passent, la dernière sonnerie s'écrie dans les lueurs d'une après-midi ensoleillée et lourde d'atmosphère. Seiko s'empresse de rentrer chez elle afin d'annoncer à Konohana, sa mère adoptive, qu'elle a eu un contrôle et que sa note sera excellente, sans pour autant lui avouer qu'elle a usé de moyens désapprouvés par l'Académie.
Le Soleil finit par achever sa ronde dans le ciel printanier et le village s'endort lentement. On entend encore à l'extérieur des hommes qui se chamaillent pour une femme, des chiens qui aboient, ou la chanson des cigales. Si Konoha ne devait pas être habité par l'homme, il serait la cité des lucioles. Seiko s'amuse à en capturer dans des bocaux spéciaux. Elle éteint la lumière et les observe durant de longues minutes, si ce ne sont pas des heures, avant de libérer ces petites lampes vertes vivantes. Mais ce soir, prise d'une fatigue insurmontable, elle vient s'endormir avec la joue contre le dos de ses mains, les bras croisés sur son matelas.
Seiko se réveille en pleine nuit, dérangée par l'inconfort dans son sommeil. L'absence de lumière l'intrigue, alors elle se lève dans le noir et se dirige vers l'interrupteur à tâtonnements bien qu'elle ait toujours détesté l'obscurité. Lorsqu'elle permet à l'électricité de se diriger vers sa lampe, elle constate que la luciole n'est plus dans son bocal. Non… en fait, elle est morte… Elle ne sait pas pourquoi, car elle avait recouvert le récipient d'un film transparent qu'elle a percé à l'aide d'un crayon pour permettre à l'air d'entrer. Cela n'a pas suffit pour celle-ci, on dirait. Seiko s'approche pour prendre le bocal entre ses petites mains et observer avec dégoût l'insecte retourné sur le dos.
- Beurk, lâche-t-elle en le faisant rouler.
Elle enlève alors la couverture en tirant légèrement sur le film, ouvre sa fenêtre derrière laquelle une pluie battante fait rage, et secoue le récipient de verre à l'extérieur. L'orage gronde, Seiko frémit un peu, mais plus autant qu'avant. Elle se contente de refermer la fenêtre et de rester à l'abris du grognement menaçant du tonnerre, puis va se cacher dans ses couvertures. La Lune éclaire sa fenêtre de son éclat de glace, elle semble observer la petite fille de son regard froid, immobile, comme si, malgré cette agression céleste, elle veillait sur elle. Alors les paupières de l'enfant s'alourdissent, et ces rideaux de couleur caramel, après quelques efforts insignifiants pour les maintenir levés, s'abaissent vers ce sol si doux pour mettre fin au spectacle de charbon sous une averse d'applaudissements.
Mais c'est un bruit assourdissant qui vient tirer la gamine de son sommeil profond. Il est quatre heures du matin, et cela venait de la cuisine. Son cœur commence à palpiter si bien qu'elle l'entend dans ses tempes. Elle ne sait pas pourquoi elle a peur, peut-être parce que c'est inhabituel et que c'est suspect. La pluie continue de cogner violemment contre le toit de sa chambre, quant à la Lune, elle a disparu… Seiko entend un second fracas, saute de son lit et s'empare une nouvelle fois de son courage que l'on matérialisera par son kunai posé sur sa table de nuit. Elle prend le temps d'avaler sa salive, et malgré l'angoisse engourdissant ses jambes, elle quitte la pièce dans un silence absolu.
Elle s'aventure dans les escaliers. C'est dangereux, car il n'y a pas de lumière, mais ce que perçoit son ouïe la fait ralentir d'anxiété. Des bruits de lutte viennent de la cuisine… Elle loupe une marche, trébuche, chute douloureusement, roule dans un vacarme pas possible, et s'étale dans un liquide chaud et épais, juste en face de cette fameuse pièce où la lumière s'échappe du bas de la porte. L'angoisse, à son paroxysme, lui fait oublier la douleur et amplifie ses sens auditifs. Ce que Seiko entend tétanise ses muscles. Le souffle coupé, son regard se plante sur cette épaisse couche dégueulasse de sang noircit par l'obscurité. Plus de fracas, plus de lutte, un semi-silence envahit ces ténèbres de terreur, seul le bruit sec d'un hachoir dans un sac de viande se répète avec une odieuse régularité une centaine de fois… Le poing clos contre le parquet, les ongles plantés dans la chair de sa paume, les doigts coincés entre deux planches, le bras près à en arracher une dans un moindre sursaut, tandis que cette abominable percussion résonne dans le néant de la mort, l'imagination de Seiko est suffisamment poussée pour interpréter le bain de sang qui déborde de la cuisine. Le rythme morbide en accord avec les pulsions de son angoisse achève sa détonation macabre dans un dernier coup de hachoir, et ainsi, le silence, empereur de la nuit, revient s'assoir lentement, pas à pas, sur son trône de l'horreur. Seiko reste à terre, les mains et les genoux plongés dans un sang qui n'est pas le sien et dont le ventre et les avant-bras en sont souillés. Elle se sent tétanisée, démunie, nue de tout contrôle, et lorsque la porte de l'Enfer s'ouvre enfin dans un grincement de désolation, découvrant ainsi le cadavre ensanglanté et égorgé de sa mère, son cœur manque un battement. Elle bascule en arrière, recule misérablement pour échapper au meurtrier, mais régurgite toute la teneur épouvantable qu'elle a laissé bouillir en elle. Seiko ne prononce pas un mot, la voix paralysée par l'effroi. Elle se dit que c'est un cauchemar, elle s'en persuade, mais elle reste crispée, le dos contre les marches, tandis que la montagne noire l'observe de toute sa grandeur. Elle ne voit pas son visage masqué par un foulard qui ne laisse à découvert que ses yeux ornés de lunettes noires, pénibles à distinguer à cause de l'obscurité. Cette ombre massive ne reste pas bien longtemps face à la gamine, elle s'enfuit dans un nuage de poussière, la laissant là, meurtrie, face au regard vitreux de sa mère. Konohana fixe sa fille, ses cheveux de terre collés sur sa tempe par le sang et la sueur, avec une iris aux couleurs de l'effort intensif. Seiko réfléchit à retrouver ce porteur de la mort pour le supplier de la tuer, et ainsi, elle se réveillera en sanglot, puis elle criera sa mère qui viendra la réconforter, mais une cuisante douleur au niveau de sa cuisse l'empêche de se lever… Elle s'est coupée avec le kunai dans sa chute, et ce sang sorti de ses veines, comme celui séché sur ses mains qui s'émiette au moindre frottement de doigts, lui rappelle la dure réalité de cet effroyable cauchemar.
Dernière édition par Seiko-hime2 le Ven 31 Juil - 20:29, édité 6 fois | |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Dim 26 Juil - 12:40 | |
| EDIT du mardi 28 juillet 2015 : Mise sous spoiler des chapitres !___________________________________________________________________ - Chapitre 1:
CHAPITRE 1 : Et après ? Nous retrouvons la petite Seiko quelques années après le meurtre de sa mère, justement debout devant sa sépulture aux milieu de neuf autres sous un ciel d'automne. Les arbres chuchotent autour d'elle, agités par un vent de rumeurs au sujet de la gamine maintenant âgée de douze ans. Son regard noir a effectivement perdu son éclat, et son sourire ne se dessine plus pour les mêmes raisons qu'autrefois. Seiko se recueille dans le silence d'un après-midi assombri par la saison, tandis que le vent transporte les souvenirs au delà des feuillages, par dessus les nuages, pour se perdre dans une contrée lointaine et s'évanouir dans le champ de l'oubli. En effet, personne ne se souviendra de cette nuit atroce que l'on a surnommé le lendemain la Pluie de Sang, car cette affaire a été délaissée par la police. Seiko jette un coup d'œil sur les neuf autres tombes. Plusieurs personnes ont été visées, dont Konohana Matsuda. Aucun témoin n'a pu décrire les meurtriers qui ont évidement agit en groupe et dans un silence absolu. Pas même les étoiles, tellement le ciel était brouillé… La jeune fille tient entre ses mains un bouquet de fleurs rouges, blanches et jaunes, car sa mère a toujours adoré le jaune. Elle s'agenouille sans précipitation pour placer convenablement son offrande enveloppée dans une sorte de papier blanc. Elle reste ainsi un long moment à savourer la caresse d'un vent d'automne, ses yeux noirs rivés sur la sculpture de marbre. Le gravier crisse dans son dos sous des semelles légères. Seiko ne manifeste aucune attention envers la personne qui s'approche de la tombe voisine, ou de celle de Konohana qui a été très populaire de son vivant.
- Bonjour, Seiko, souffle une voix masculine. - Bonjour.
Quelques oiseaux chantent, tout près, la mélodie de la quiétude sous un rayon de soleil qui défie les nuages.
- Je suis Erwan, un des apprentis de ta maman à la boutique de textiles. - Je m'en souviens. - Je voulais te dire que si tu as besoin de parler, je… - Ça fait longtemps que je ne pleure plus, tranche-t-elle froidement, toujours sans le regarder.
Le jeune homme âgé d'une vingtaine d'années n'ose pas vraiment prendre la parole, sachant parfaitement que c'est un sujet délicat, mais au final, il se relance :
- Ne parle pas, devance-t-elle. Je n'ai pas besoin de ça.
Erwan hésite un instant. Jugeant préférable de laisser la jeune fille seule devant la tombe de sa mère, puisque c'est ce qu'elle réclame, il s'éloigne comme il est venu. Seiko écoute le murmure de la nature encore quelques minutes, lourdement peinée par cette fameuse nuit où elle a assisté à la mort de la femme qui a pris soin d'elle autant qu'elle a pu durant ses petites années. Elle finit à son tour par quitter les lieux afin de rentrer chez elle. La jeune fille traverse l'immense cimetière majoritairement peuplé d'anciens combattants, dont certains se sont sacrifiés lors d'une récente attaque menée par une organisation criminelle et savamment orchestrée lors des examens Chuunin. Elle soupire, les mains dans les poches, dans ce vent incessant qui balaie la poussières des sols et qui y apporte les feuilles mortes. Seiko quitte le gravier pour marcher sur des pavés encore humides, mais alors qu'elle fixe le motif interminable de ce tapis de pierre, elle se cogne à un homme, manifestement très grand, vêtu d'un long manteau noir. La gamine lève son regard, et reconnaît, de part les balafres sur son visage, cet air sévère et ce bandana sombre noué à son crâne, le chef de la police.
- Matsuda Seiko. - Bonjour, Inspecteur, fait-elle sur un ton détestable. - J'ai quelques questions à te poser.
Seiko constate la présence de son ancien instituteur qui détourne son regard du sien, lui aussi marqué par une cicatrice nasale.
- À propos de la mort de mon tuteur ? - Où étais-tu vendredi soir ? - Ça dépend. Quelle heure ? - Vers vingt heures.
Elle semble réfléchir un instant, puis indique elle se trouvait à côté du square.
- Quelqu'un pourra le confirmer ? - Non. Enfin, je ne sais pas. Seulement les personnes qui m'ont vues et qui se souviennent de moi. Mais je dessinais, si vous voulez savoir.
Ibiki jette un coup d'œil sur l'instituteur qui prend de suite la parole :
- Seiko dessine énormément, et de préférence en plein air. - Dites, c'est des questions qu'on pose aux suspects, ça. J'ai la gueule d'une meurtrière psychopathe qui tue dès qu'on l'emmerde ?
L'absence de réponse et le regard inquiet d'Iruka fait réaliser à Seiko son manque de finesse, et par la même occasion, la véracité dans son sarcasme.
- Monsieur Yui était un type à problèmes et un ivrogne, souligne-t-elle. - On a eu cette confirmation de la part de plusieurs autres personnes qui décrivaient Yui avec ce même profil.
L'instituteur, qui venait de parler, reçoit un bref avertissement de la part du chef de la police.
- Si ce n'est pas un accident, reprend-elle, c'est un meurtre. - C'est pour cette raison que nous t'interrogeons, rétorque l'homme au manteau noir. - J'ai que douze ans, putain… - Tu as toutes les raisons de vouloir le tuer. - Ibiki… - Mais, douze ans ! Vous pensez pas qu'il y a plus dangereux que moi en liberté ?
Iruka voit le visage de son ancienne élève déjà fortement contrariée par cette accusation virer à l'indignation absolue. Son regard dans lequel règnent les ténèbres en impératrices s'est détourné de celui d'Ibiki pour s'aventurer sur son col, ce qui lui a permis de découvrir le jeu des deux hommes.
- Vous vous foutez de moi, crache-t-elle.
Seiko contourne les shinobi d'un pas alourdi par sa mauvaise humeur en se permettant de pouffer de désagrément.
- J'ai besoin de voir tes dessins, retient Ibiki de sa voix tonnante.
La gamine se retourne pour défier le regard perçant du policier comme personne n'avait osé. L'homme ne bronche pas pour autant, décidé à ne pas se laisser impressionner par une fillette transformée par un passé pathétique.
- Je ne parlerai pas devant vos putains de micros, grince-t-elle du haut de son arrogance.
L'inspecteur soupire, las, puis porte sa main au col de son manteau de nuit afin décrocher les deux enregistreurs et les jeter dans la rivière. Seiko masque un sourire de satisfaction.
- Suivez-moi, invite-t-elle froidement.
Ibiki et Iruka marchent derrière la gamine sous un ciel brouillé par les nuages. On entend au loin une personne éternuer de toute sa fosse nasale, attaquée par une violente épidémie de grippe qui ronge le village depuis bien une semaine… À force de traverser les rues, le trio finit par croiser des personnes qu'ils connaissent, dont Sakura qui discute au coin d'une rue avec Ino. Seiko la fixe un instant sans lui adresser un seul mot, un seul geste, ou un seul sourire. La môme aux cheveux roses en fait autant, mais trouve au final à s'enchanter à la manière d'une comédienne de théâtre :
- Bonjour Iruka-sensei ! prolonge-t-elle de son atroce voix aiguë. - Bonjour Sakura et Ino ! Comment allez-vous ? - Bien, répondent-elles. Et vous ? - Super, merci ! - Au revoir ! Passez une bonne journée ! - Merci, à vous aussi !
Le groupe poursuit leur marche encore quelques secondes avec un instituteur souriant niaisement de se savoir aussi populaire aux yeux de ses anciens élèves.
- Suceuse, brise Seiko. - Oh !
Iruka n'en revient pas. Il a retenu l'épaule de la jeune orpheline et l'a retournée pour lui faire face, les yeux dans les yeux, et elle s'est vivement empressée de dégager sa main. Il est au courant qu'elle a grandement changé depuis la mort de sa mère, qu'elle s'est assombrie. Il a aussi constaté son affreux manque de politesse et sa vulgarité, mais il était loin de s'imaginer qu'elle puisse se montrer aussi insultante en usant de ce genre de références.
- Me dites pas que vous y croyez, Iruka-sensei… - Tu devrais faire attention à ton langage. - Je suis étonnée que vous soyez aussi naïf ! - Ce que pensent les élèves de moi m'importe peu. Au moins, elles ont la courtoisie de me saluer. - Ino, je ne dis pas, mais Sakura, j'ai suffisamment traîné avec elle pour la connaître, insiste-t-elle. C'est pour ça que nous ne sommes plus amies. - Parce que toi tu te crois plus honnête ? - Je ne vous aime pas, et je vous le dis. - C'est pourtant moi qui t'ai… - C'était un pur hasard, ce jour là. Et vous n'aviez pas le choix, hein ?
Aucune réponse ne venant de la part d'Iruka, Seiko réouvre la marche en lui lançant un regard rempli d'avertissements. Ibiki, qui demeure silencieux, a attentivement écouté les propos échangés entre Iruka et la gamine afin de se faire une véritable idée du profil de l'enfant. Il comprend bien qu'elle est perturbée par le décès brutal de sa mère, mais il doute encore de sa culpabilité en rapport avec ce récent meurtre. Il n'a aucune preuve contre elle, il cherche juste à la pousser à bout pour lui faire cracher la vérité et ainsi, déterminer si elle est coupable ou non. Mais avant tout, il doit vérifier son alibi.
- D'ailleurs, je ne comprends même pas ce que vous fichez ici, surenchéri Seiko. Vous êtes censés apprendre les arts Ninja aux élites, non ? Inspecteur, pourquoi ce type vous accompagne ? - Ça ne te regarde pas, tranche Ibiki. - Ça me regarde car je n'aime pas sa présence. Sa présence, un peu moins que la vôtre, toutefois… m'insupporte, articule-t-elle en détachant chaque syllabe. - Nous vérifions ton alibi et nous te laissons tranquille. - Tant mieux.
L'adolescente stoppe sa marche devant un bâtiment haut de quatre étages. Une des seules choses qu'elle s'est gardée d'apprécier depuis la Pluie de Sang, c'est l'architecture du village. Un véritable bazar séduisant de fer, de bois et de ciment, de câbles et de poteaux électriques, d'escaliers, de ponts, qui parfois, relient deux toits en enjambant une rue, des chemins sinueux dans lesquels il est facile de se perdre… Konoha est ce que l'on pourrait définir comme un urbanisme rural avec l'omniprésence de la verdure et des animaux que l'on retrouvent plus dans les paysages campagnards, comme cet écureuil qui descend avec vivacité un poteau électrique en bois.
- C'est ici, fait-elle en déverrouillant la porte.
Ibiki et Iruka ne suivent pas Seiko. Ils choisissent plutôt de l'attendre au seuil de l'immeuble afin de discuter sans que cette rebelle soit à côté. L'inspecteur regarde la gamine s'éloigner, puis se tourne vers l'instituteur :
- Quel genre d'enfant était-elle ? - Toujours avec un pansement sur la joue et la cicatrice d'une blessure ailleurs sur le visage. Apparemment, sa maladresse en était la cause. Enfin, c'est ce que disait son père jusqu'à ce qu'on découvre des réalités désagréablement surprenantes qu'elle cachait sous les manches de son kimono, dans son dos et derrière un sourire angélique. - Oui, je suis au courant de l'histoire… - C'est vrai qu'elle est maladroite. Elle n'a jamais réussi à manipuler correctement son chakra, d'autant plus qu'elle en a très peu. - J'ai remarqué pas mal de choses chez elle, déclare Ibiki. Mais je ne vois pas pourquoi elle vous déteste alors que c'est vous qui avez arrêté le geste de son père lorsqu'il…
La porte s'ouvre soudainement, obligeant l'inspecteur à se taire. Seiko apparaît sur le seuil de l'entrée, carton à dessins coincé sous le bras et mesurant à vue d'œil les proportions de son corps. Son regard noir se plante comme deux flèches de charbon incandescent sur l'homme au manteau sombre.
- Bon, fait-elle en ouvrant la pochette.
L'orpheline lui présente un série de croquis rapidement esquissés, comme si tout était joué sur l'instantané lors de leur réalisation. Ce que cherche Ibiki sont des visages nettement identifiables qui pourraient le mettre sur la voie, mais ce qu'il trouve de plus ou moins abouti ne sont cependant que des schémas rapides de constructions.
- Qu'envisages-tu de faire, plus tard ? - Architecte.
Ibiki s'attarde sur le dessin le plus détaillé représentant une habitation quelconque non loin du parc installé pour les enfants avec des traits vifs et précis. Le vent manque bien d'entraîner les autres feuilles dans les rues du village, mais Iruka et Seiko sont là pour l'en empêcher.
- Tu les retravailles chez toi ? demande l'inspecteur. - Non, fait-elle en réunissant ses feuilles. Je n'aime pas peaufiner mes croquis. - Je les prends avec moi, finit-il.
L'adolescente fait légèrement pivoter sa tête sur le côté, un air fâché posé sur son visage au teint caramel. N'appréciant pas ce genre d'initiative, elle lui fait comprendre qu'elle a besoin de ses croquis pour avancer dans ses études, mais Ibiki contre en argumentant qu'ils lui permettront de vérifier son alibi. Le vent souffle brusquement entre les deux personnages, faisant voltiger la toison de Seiko dans cette atmosphère alourdie par un désaccord complet. Elle lui donne finalement jusqu'à demain pour lui rendre ses dessins tout en exigeant un état de propreté exactement comme il est actuellement.
- Sinon quoi ? s'offense le chef de la police. - Il n'y a pas de sinon, c'est comme ça. Vous les prenez sans que je sois d'accord, c'est normal qu'il y ait des conditions.
Ibiki la dévisage de toute sa hauteur colossale, le regard fusillant. Il déteste qu'on lui tienne tête, et cela, tout le monde le sait, et tout le monde se garde bien de lui faire le moindre reproche… Tout le monde, sauf Seiko, cette gamine dénuée de retenue. Il finit par tourner les talons, lourdement offensé par le défi lancé. L'adolescente, une épaule appuyée contre le bâti de porte, regarde s'éloigner le duo avec un sourire hautain de satisfaction.
| |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Mer 29 Juil - 11:00 | |
| - Chapitre 2:
CHAPITRE 2 : L'aveu Ibiki mène ses pas en direction du square avec les dessins de Seiko sous le bras. Iruka ne l'a pas suivi, faute d'un programme trop chargé, et a rejoint l'Académie afin de préparer ses cours. L'inspecteur longe la rive gauche de la rivière durant de longues minutes, direction Sud, dans le souffle infatigable du ciel qui ne finit pas de se vider les poumons, jusqu'à sentir sur sa joue une de ses larmes perdue par ses nuages. L'homme lève alors son regard d'acier et constate avec ennui que le vent apporte au village une immense masse cotonneuse d'un gris inquiétant, probablement porteuse d'orage. Les dernières paroles de Seiko lui reviennent soudainement en mémoire. Il est bien tenté de rester sous cette prochaine averse, ne serait-ce que pour détériorer les dessins de la gamine, mais au final, il admet que cela pourrait autant nuire à son enquête. Ibiki accélère alors le rythme de sa marche, descend quelques escaliers et franchit la rivière en traversant le dernier pont pour se retrouver face au square. Ses yeux parcourent les environs à la recherche d'un abri tandis que des parapluies déploient leur envergure sombre. L'inspecteur trouve à temps une corniche qui le protégera de la pluie. Il s'y dirige en recouvrant le carton à dessin de Seiko sous son long manteau noir et patiente quelques instants en regardant les gouttes d'eau percuter de toute leur puissance les attractions pour enfants. Un couple de villageois passe devant lui, se recouvrant du manteau de l'homme, rieurs sous cette violente averse et les pas précipités tapant dans les flaques d'eau tandis qu'Ibiki s'assied sur une marche épargnée par la flotte et ouvre le carton pour analyser son contenu. Son regard se fige sur un dessin extrêmement bien réalisé. Seiko a du prendre des heures pour le faire… Il regarde autour de lui pour dénicher le modèle de pierre, mais il peine à distinguer le paysage voilé par ce rideau de pluie, d'autant plus qu'aucune habitation dans les alentours ne ressemble à celle-ci… Soudain, il aperçoit une silhouette humaine assise sur un banc du square, étrangement à l'aise sous cette averse assassine. En plissant les yeux, il reconnaît avec surprise la gamine insolente. Elle semble le fixer longuement, l'air grave ou concentré, puis baisse les yeux et agite son poignet au dessus d'une surface plane. Tandis que les secondes se perdent dans le scepticisme d'Ibiki, le regard de la suspecte se lève toujours plus haut. Il comprend enfin… L'inspecteur dépose les dessins à côté de lui, se lève lentement et s'avance dans cette brusque ondée tout en observant l'architecture sous laquelle il s'est abrité. Elle correspond parfaitement à la représentation de Seiko, c'est incroyable… Lorsqu'il se retourne, l'enfant a disparu sans laisser de trace… Cela, par contre, il ne l'a pas très bien compris… Enfin. Les ombrages sur le dessin confirment l'heure à laquelle elle s'est présentée au square, mais il préfère vérifier cette information auprès d'un commerçant du coin. Il patiente alors sagement la fin de l'averse sous la corniche de l'habitation en tournant ses pensées vers son jeune frère et vers toutes les péripéties vécues en sa compagnie…
Les premiers rayons de soleil traversent les dernières couches des nuages, venant réchauffer le visage de l'inspecteur de leur tendre chaleur. Il n'y a pas eu d'orage, finalement… Ibiki se saisit du carton a dessin et quitte son abri pour se diriger non sans hasard vers la boutique de textiles. L'homme se présente à une femme âgée de vingt ans, souriante, cheveux longs et blonds cendrés, avec un regard rond et de couleur brune.
- Bonjour Ema. - Bonjour Ibiki ! s'exclame-t-elle de sa voix canarde. Quel temps pourri… - Tu l'as dit… Tu n'aurais pas vu Seiko Matsuda assise sur le banc en face de la maison à la toiture rouge vendredi dernier, dans les alentours de vingt heures ? - C'est Erwan qui s'occupe de la clientèle à cette heure-ci.
Elle se retourne à moitié pour crier à plein gosier le nom de son collègue. On entend s'approcher des pas précipités derrière un rideau de tissus élégants, tous très diversifiés, aussi bien dans le motif que dans la couleur. Un jeune homme du même âge qu'elle se fraie un chemin parmi eux en les écartant des bras et en penchant sa tête rousse.
- Ah, salut Ibiki. C'est pour quoi ? - Il aimerait savoir si tu as vu Seiko vendredi dernier, devance Ema. À quelle heure déjà ? - Vers vingt heures. Elle dessinait longuement assise sur ce banc.
Il lui désigne l'endroit où Seiko s'était installée d'un mouvement de tête.
- Là-bas, poursuit-il.
Erwan hésite un instant, se frottant la barbe naissante à l'aide de sa pince, les sourcils froncés.
- Non, déclare-t-il simplement. Elle n'y était pas. J'ai vu du monde sur ce banc et autour du square, mais pas Seiko. Et si je l'avais vue, je m'en serais souvenu.
Ibiki se mord la joue. La date et l'heure indiquées sur le dessin correspondent pourtant à celles du meurtre…
- C'est par rapport à votre enquête ? s'enquiert Ema. - Oui, répond l'inspecteur. Merci de votre coopération.
Il achève l'interrogatoire sur ces mots et laisse le duo seul au comptoir avec un nuage de doute planant au dessus de leur esprit.
- Ça m'étonnerait que Seiko soit dans le coup, souffle la jeune femme.
Elle observe la silhouette imposante d'Ibiki s'éloigner d'un pas lent avec le carton à dessin de l'orpheline sous le bras, puis elle se tourne vers son collègue, sceptique, pour lui demander ouvertement :
- Tu n'étais pas parti à la boulangerie, ce vendredi à vingt-heures ?
Erwan hausse les épaules avec un air sarcastique marqué sur ses lèvres.
- Elle était fermée, alors je suis revenu. - Il est lourd à alterner ses jours et ses horaires, ce boulanger ! - Ouais… Vivement qu'il parte à la retraite. Mais je crois que c'est à cause de la grippe, cette fois-ci. - Peut-être… - Hum, fait le jeune homme. J'ai une lettre à envoyer à un client, je te laisse t'occuper du comptoir un moment ? - Pas de soucis, mon cher Erwan !
Il lui sourit alors et s'engouffre une nouvelle fois dans les tissus.
Le vent d'octobre froisse la rivière de Konoha et fait danser le long manteau noir d'Ibiki dans son souffle frais. Il traverse le pont chantant sous son poids, puis continue sur le gravier humide alors que ses semelles se chargent de l'essorer comme une éponge de cailloux minuscules. Il ne tarde pas à arriver au poste de police qui se situe à l'ouest du square dans le quartier des Uchiwa. Il s'agit d'un bâtiment austère installé sur une structure en pointe entourée d'herbes sèches. Une entrée et une sortie unique, ainsi que deux sceaux posés sur la façade de l'architecture de pierre mal entretenue empêchent toute tentative d'évasion. L'inspecteur salue ses collègues qui s'empressent de l'interroger sur l'enquête en cours.
- Justement, répond-il en posant les dessins sur une table. Je vais demander à deux d'entre vous de surveiller Seiko, et à deux autres de surveiller Ema et Erwan. - Cette sale gosse est finalement suspecte, souffle un policier à lunettes en ouvrant le carton à dessin. - Son alibi a été démenti par Erwan…
Ibiki ouvre la machine à café pour constater que le filtre est vide…
- C'est quoi ce… - Yohan est parti en acheter. - Quel intérêt de mettre un filtre vide dans une cafetière, se fâche le chef en refermant le réservoir.
La voix grave de cet homme est réputée pour toujours laisser un silence angoissant après son temps de parole. C'est ce qu'il se passe en ce moment-même, si bien que l'on pourrait entendre le moucheron voler à côté de la fenêtre.
- Du coup, pourquoi tu veux qu'Ema et Erwan soient sous surveillance ? demande l'homme aux lunettes. - Lui et Seiko se contredisent. Regarde la date de réalisation du dessin. J'ai vu Erwan vendredi dans les rues de Konoha, et il dit ne pas l'avoir vue au square. Soit il l'a manquée de beaucoup de temps, ce qui me semble suspect car le connaissant, ce n'est pas dans ses habitude de quitter son lieu de travail, soit il a menti en disant ne pas l'avoir vue. Dans le cas contraire, c'est Seiko qui ment en retravaillant ses dessins, ce qui fait qu'elle n'est restée qu'un petit temps, ou en travaillant un autre jour et en modifiant la date. - Mais, intervient un autre, Yui et Erwan n'ont aucun lien. Pourquoi le tuerait-il, et d'une façon aussi barbare ? - Seiko est une sale gosse, ajoute un troisième, mais trop franche pour tuer quelqu'un et ne pas revendiquer le meurtre juste après. - Oui, et il faut la force d'un homme pour cette mise en scène macabre. Regardez les bras de Seiko, c'est impossible. - Et regardez ceux d'Erwan, s'oppose l'homme aux lunettes. Ce sont des béquilles. De toute façon, j'ai entendu dire qu'il était violent. Si ça se trouve, il a essayé de frapper Seiko, qui, boostée par la panique, l'a tuée. - Elle n'aurait pas caché ça, s'énerve le troisième. Et c'est ridicule, si la panique agit comme une adrénaline, tu veux dire qu'elle l'aurait cloué au mur et vider de ses entrailles tout en étant paniquée ? - Yui était un très mauvais tuteur qui se servait de Seiko pour avoir plus d'argent, s'énerve-t-on. C'est pour ça qu'elle l'a tué.
Ibiki bouge nerveusement. Il a choisi de ne pas participer à ces accusations gratuites pour écouter l'avis de chacun, mais au final, après un bref demi-tour, il frappe puissamment la table de d'un poing fermé, interrompant le débat entre ses collègues.
- On s'en fout, grince-t-il. Je veux que Seiko soit surveillée autant qu'Erwan et Ema. J'accompagnerai deux d'entre vous jusqu'à chez cette gamine.
Il reprend le carton à dessin sous son bras.
- Shirakumo, Genma, appelle-t-il en se dirigeant vers la sortie. Avec moi.
Aussitôt, les deux policiers se lèvent.
- Tekuno, poursuit Ibiki. Choisis quelqu'un pour surveiller Erwan et Ema.
Et le trio quitte le bâtiment derrière les rayons du soleil qui se perdent sur le toit délabré, suivant une marche rapide vers la maison de Seiko.
Le village entier est plongé dans le bain ardent du crépuscule. Les ombres s'allongent comme des bras tendus vers l'Est et recouvrent tout obstacle de leur surface d'un noir pur. Un rayon encore égaré trouve refuge dans la chambre de Seiko en passant par sa fenêtre, et sa curiosité l'emmène tout droit sur une feuille de papier dépliée en quatre sur laquelle figure un texte soigneusement écrit tenu dans les mains de l'enfant, mais une froissure cache à ce vieux faisceau de lumière la signature d'Erwan. Le regard sombre de la gamine quitte l'encre noire pour abaisser ses paupières et la laisser soupirer un instant. Elle les réouvre, lentement, juste avant d'entendre quelqu'un frapper à l'entrée de chez elle. Seiko avale sa salive en quittant sa chambre pour accéder au hall et ouvrir la porte.
- Plutôt rapide, l'inspecteur. - Puis-je entrer ?
L'orpheline le dévisage un instant du haut de son mètre quarante deux, intrépide devant cette masse sombre qu'est Ibiki. Au final, elle se décale sur le côté afin de lui céder le passage pour accéder au hall d'entrée.
- Ne faites pas attention au bordel, prie-t-elle en refermant la porte derrière lui.
Le chef de la police observe un instant le milieu qui l'entoure avant de diriger son attention sur Seiko.
- Vous avez rapporté mes dessins. - Oui.
Elle ouvre la pochette qu'il lui donne et constate avec agrément la propreté de ses croquis.
- Comme convenu, rappelle Ibiki.
Seiko laisse apparaître un sourire sur son visage. Un sourire que l'on jugerait de précieux en vue de sa personnalité, un sourire sorti tout droit du passé…
- Je vous sers à boire ? propose-t-elle en levant son regard pétillant sur lui. - Un… un café… - Vous pouvez vous assoir dans le salon.
Ibiki est un peu troublé par ce comportement convivial qui s'oppose parfaitement à la froideur habituelle de la gamine. Il la regarde s'éloigner vers la cuisine tandis qu'il mène ses pas vers la salle à manger située à sa droite. Il entre sans avoir à pousser une porte de verre, calée par une table ronde nappée d'un tissu rouge aux motifs floraux. Il s'avance ensuite vers un fauteuil semble-t-il fort confortable et s'y installe. Il ne s'est pas assis de la journée, et bien que les séances de torture subites en voulant protéger son jeune frère l'aient endurci et renforcé, il demeure sensible au confort et ne dit pas non à une assise moelleuse où l'on s'engouffre agréablement. Seiko ne tarde pas à revenir avec une tasse chaude de café et un sucre sur une coupelle, accompagnée d'une cuillère en acier.
- Vous avez de la chance, avance-t-elle en posant son offre sur une table basse. Je comptais me débarrasser de cette cafetière après la mort de mon tuteur. - Merci, dit Ibiki en se penchant en avant pour prendre la tasse. - C'est moi qui vous remercie.
Il lève son regard aquilin sur Seiko.
- Tu sembles énormément tenir à tes dessins. - C'est parce qu'ils comptent énormément pour moi, copie-t-elle. Ils comptent énormément parce qu'ils sont toute ma vie. Je crée depuis qu'on m'a filé un feutre entre les mains. - Je vois.
La jeune adolescente s'assied sur le canapé sans cacher un soupir.
- Vous n'êtes pas venu pour le café… Quoi d'autre ?
Ibiki dépose la tasse sur la table avant de faire basculer son corps dans le fond du fauteuil.
- Erwan Kurama ne t'a pas vue au square le jour du meurtre. - Vous le croyez ? - Ça dépend de toi.
Elle croise les bras.
- Je vous écoute… - As-tu vu Erwan Kurama vendredi 7 octobre en début de soirée, vers vingt heures ?
Seiko fusille Ibiki du regard, et c'est seulement à ce moment même où l'inspecteur reconnaît l'adolescente qui fait autant de bruit au village pour ses airs assaillants de reproches et de menaces.
- Toi et les enregistrements, souffle-t-il en plongeant sa main dans une poche intérieure. - Non, Inspecteur. Laissez-les. J'irai droit au but, juste pour vous humilier.
Elle décroise ses bras pour pencher légèrement son buste en avant, donnant ainsi de l'importance à ses prochaines paroles.
- Moi, Seiko Matsuda, n'ai pas vu Erwan Kurama au magasin de textiles le vendredi 7 octobre à vingt heures, articule-t-elle. Pour la simple et bonne raison que je ne dessinais pas au square de Konoha. J'ai menti sur la date du croquis que j'ai travaillé en amont, un jour férié, à la même heure.
Elle marque une pause, plantant son regard rongé par les ténèbres et dévorant l'inspecteur de l'intérieur. Il la fixe, le souffle coupé en attendant une suite qui tarde à venir.
- J'ai tué Monsieur Yui ce vendredi 7 octobre à vingt heures.
| |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Ven 31 Juil - 17:50 | |
|  - Chapitre 3:
CHAPITRE 3 : La chambre des doutes Seiko, assise sur une chaise métallique, laisse échapper un soupir d'agacement. Elle a passé la nuit en garde à vue dans le département de police de Konoha, puis elle a été transférée aux premières heures dans la salle d'interrogatoire. Elle se retrouve maintenant face à Iruka qui n'a professionnellement rien à faire ici. Il est un Chunin de taille moyenne, ne dépassant pas le mètre quatre-vingt. Son teint caramel s’harmonise avec ses cheveux couleur châtaigne, suffisamment longs pour les attacher derrière son crâne. Son visage a une forme plutôt fine, mais il est marqué d’une cicatrice qui traverse horizontalement son arête nasale, s’étendant sous son regard sombre et ses paupières légèrement tombantes. Quant à ses habits, c’est l’uniforme officiel de l’armée de Konoha : une sorte de gilet sans manche qui semble plutôt lourd, rembourré, et couleur de feuille, censé absorber les impacts… Le col monte nécessairement haut de façon à protéger le cou d’éventuelles tentatives de décapitation. Sur le torse s’inscrit des sortes de pochettes pour placer les rouleaux qui s’ouvrent vers le bas afin de facilité la prise en main. En dessous, il porte un habit sombre, un bleu grisé, en col roulé. Sur l’épaule droite figure une spirale rouge, emblème du clan Uzumaki. Son pantalon est de la même couleur que son haut, retroussé au niveau des mollets, et ses chevilles sont couvertes de bandages. Bien que son niveau dans la pratique des arts Ninja soit moyen, sa polyvalence, associée à sa grande intelligence et à ses connaissances approfondies des théories, fait de lui un des meilleurs Chûnin de Konoha et ce qu'il y a de mieux en initiateur pour les débutants. Iruka est arrivé il y a quelques minutes, et aucun mot n'a été prononcé. Le silence se faisant trop glouton en dévorant toutes ces énormes secondes, la gamine finit par s'agacer :
- Vous vouliez me parler, mais vous dites rien.
L'instituteur pose ses deux avant-bras sur la table en bois.
- Je n'ai pas les mots, avance-t-il. Et je n'arrive pas à croire que tu aies pu commettre un tel crime. - Je me fiche de savoir si vous y croyez. La réalité est là : je l'ai fait, un point c'est tout. - Tu sais ce que tu risques ? - Ibiki me l'a dit…
Le yeux de la jeune fille se détournent sur la table en hêtre.
- Tu regrettes ? souffle-t-il d'une voix navre.
Elle semble réfléchir un instant, le regard toujours incrusté dans le veinage du bois. - Comme ça, déclare-t-elle sans lever la tête. Disons que j'assume.
La salle est petite, de forme carrée, entourée de murs ventrus, grisés par le temps et noircis à leur pied. L'odeur du renfermé est à peine supportable, mais Seiko s'y est accommodée, contrairement à Iruka qui se trouve dans cette pièce depuis seulement quelques minutes.
- Comme il est possible que tu ne sois plus au village demain matin, introduit-il, j'aimerais te poser une question, Seiko.
Elle effectue un geste de l'épaule semblant signifier que tout ce qui se passe et tout ce qui se dit à partir de maintenant n'a plus d'importance à ses yeux.
- Peux-tu m'expliquer le mépris que tu as pour moi ?
La jeune criminelle plonge son regard sombre dans celui de son ancien instituteur. Bien que figé dans l'obscurité de son iris, il ne bronche pas… Mais au final, elle en vient à mal sourire. Alors elle se penche légèrement en avant pour prononcer lentement ces simples mots :
- Vous m'avez laissée tomber, parce que je n'avais aucun potentiel, et parce que vous étiez incapable de voir tous les efforts que je faisais pour réussir, et ce, malgré mes handicaps.
Seiko s'adosse à sa chaise pour reprendre :
- Vous souteniez Naruto, Rock Lee qui n'a aucune maîtrise de son chakra a lui aussi été soutenu par son instituteur. Tout les deux ont réussi à force de persévérance alors qu'ils étaient des merdes sur pattes au tout début. J'ai persévéré, moi aussi, mais j'ai échoué parce que mon seul soutien était l'illusion que je me faisais à chaque effort. Personne n'a cru en moi, ni vous, ni mes soit-disant amis, ni même ma mère… Personne.
Iruka la regarde, ne trouvant encore rien à répondre. Lui qui est toujours ouvert d'esprit, il sent un mal-être tourmenter son cœur et s'entend s'excuser silencieusement de sa fermeture à Seiko… Ibiki vient interrompre le silence oppressant qui s'est installé dans la salle en interpellant l'instituteur. Celui-ci ne répond pas, ses yeux sombres figés sur ceux de son ancienne élève.
- Iruka, insiste plus lourdement le chef de la police dans son dos. - Que se passe-t-il ? - C'est important.
Le professeur se lève alors pour rejoindre l'homme au bandana en lui lançant un regard interrogateur. L'inspecteur lui faisant comprendre qu'ils doivent parler à l'abris des oreilles de Seiko, les deux hommes quittent la pièce en prenant soin de fermer la porte derrière eux.
- J'ai parlé à Tsunade-sama, commence Ibiki. Elle dit que la prison pour mineurs est une peine à écarter. - Comment ça ? - À part l'aveu de Seiko et un alibi démenti, nous n'avons aucun mobile contre elle. De plus, elle a pris le temps d'étudier son cas et a estimé plus sage de l'envoyer dans un orphelinat où elle rencontrera des personnes comme elle. Elle sera ainsi éloignée des esprits influents qu'on retrouve dans les prisons et qui pourraient aggraver sa santé mentale, et aussi, elle aura une chance de trouver une famille adoptive aimante des deux côtés, cette fois-ci…
Iruka, pensif, replie son index sur ses lèvres. Il se surprend à s'attrister à l'idée d'avoir manqué le coche avec une de ses élèves qu'il risque de ne plus revoir, et pour le coup, il aurait voulu faire demi-tour afin de réparer son erreur…
- Ce n'est pas de ta faute si elle est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, assure Ibiki qui avait écouté la conversation. - J'ai quand même fait une erreur… - On en a tous fait, et des irréparables. Ce sont malheureusement des choses qui arrivent. - Ça n'aurait pas dû arriver, rétorque Iruka.
Il réfléchit un instant avec un air soucieux gravé sur le visage, sous le regard désolé d'Ibiki qui place ses mains dans les poches de son manteau sombre.
- Il faut que je parle à Tsunade-sama, conclut le Chûnin en tournant les talons vers la sortie.
Il ne se fait pas retenir. Ayant découvert la veille une Seiko totalement différente de ce qu'on lui a décrit et du peu qu'il a pu voir, Ibiki a choisi de faire confiance aux qualités intellectuelles d'Iruka pour tenter ce qu'il juge de meilleur pour elle. L'homme au long manteau se déplace jusqu'à la vitre qui donne sur la salle d'interrogatoire pour observer la meurtrière. Ce qui le perturbe dans toute cette histoire, c'est la jeunesse de l'accusée. Cela ne signifie rien, il l'admet, car de nos jours, même des enfants de dix ans sont formés pour tuer. En fait, c'est toute cette mise en scène macabre qui relève de la psychopathie associée à cette gamine pas plus haute que trois pommes. Il n'a jamais rien vu de tel, et pour lui, jusqu'à hier, l'évidence reposait entre les mains d'un adulte et non dans celles d'une fillette de douze ans. Seiko lève un instant son regard vers Ibiki avant de le détourner sur la table. Il reste encore un moment à réfléchir sur cette affaire qui s'est résolue en un claquement de doigt, trop facilement à son goût… Non, quelque chose cloche… Il entre alors dans la pièce et se pose devant la gamine, l'air grave.
- Seiko.
Elle fronce les sourcils, perplexe de l'entrée soudaine de l'inspecteur.
- Est-ce que c'est vraiment toi qui l'a tué ? - Pourquoi ? pouffe-t-elle avec un sourire sarcastique. Vous pensez que je me désigne pour le fun ?
Ibiki tire la chaise pour s'installer face à elle.
- Je viens te voir en début d'après-midi, tu me dis que non, résume-t-il. Je reviens dans la soirée pour te dire que ton alibi ne tient pas, tu revendiques le meurtre sans détour. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis en si peu de temps ? - J'en ai ras-le-cul de fuir. - Trouve autre chose. - Mais que voulez-vous que je vous dise ? - La vérité. - La vérité est là, réplique-t-elle, assise en face de vous.
L'inspecteur se frotte le visage, visiblement agacé par l'entêtement de la gamine.
- Je veux bien comprendre que vous aimez mon café, mais il va falloir vous en détacher, parce que je ne serai plus ici pour vous en faire. - Ce n'est pas le propos. - Tout est le propos, Ibiki. Je vous ai servi la résolution de l'enquête sur un plateau, et vous n'êtes pas content. Peut-être que vous auriez voulu vous-même vous offrir le café…
Ibiki, le dos posé dans le fond de la chaise, arque un sourcil sous son bandana. Il saisit peu à peu le raccord qu'elle sous-entend, et pose sa grosse patte d'ours sur la table avant de prononcer de sa voix imposante :
- Tu sais ce que je vois, devant moi ? - Je m'en fous… - Je vois une gamine sacrément détestable et remarquablement intelligente.
Seiko sourit un peu.
- Je ne sais pas si je dois vous détester pour avoir classé la plainte de la Pluie de Sang ou vous apprécier pour votre humour. - Je ne plaisantais pas. - Dans ce cas, souffle-t-elle, je vous déteste.
Ibiki cherche à dissimuler un sourire amusé, mais rien n'échappe à la jeune fille qui l'observe attentivement.
- Tu es intelligente et perspicace, contre-t-il soudainement. Tu aurais très bien pu t'en sortir sans avoir à te dénoncer.
Le charmant sourire de Seiko qui s'est dessiné il y a quelques instants s'efface progressivement et son visage au teint caramel semble s'assombrir dès le retour aux choses sérieuses. Ibiki note cette attitude dans un coin de sa tête. Elle caresse la table sous ses doigts finement formés, propres à ceux des artistes, en laissant le veinage du bois glisser sous ses phalanges, puis plonge son regard dans celui de l'inspecteur.
- Vous êtes relativement chiant.
La porte de l'interrogatoire s'ouvre brusquement pour laisser apparaître Iruka suivit d'une jolie jeune blonde de taille moyenne. Seiko observe un instant avec un sourcil arqué la nouvelle arrivante dont la poitrine rebondit à chaque pas.
- Ce sont des vrais ? - Seiko, s'oppose Iruka. - Je demandais, c'est tout…
Ibiki salue Tsunade en courbant l'échine, puis se place en retrait afin de murmurer une question à l'instituteur. Celui-ci répond par un hochement de tête avant de joindre ses mains dans son dos tandis que le chef de la police fourre les siennes dans ses poches.
- Tu as en face de toi l'Hokage, introduit le professeur. Tsunade-sama.
Elle s'assied à la place d'Ibiki, face à la gamine, avec un dossier non trop chargé qu'elle dépose sur la table. Le duo masculin se demande si Seiko se tiendra à carreau face à une personnalité telle que la petite-fille du Premier Hokage.
- Bonjour ? appuie impoliment l'accusée sans dissimuler le ton interrogatif.
Iruka grimace. Décidément…
- Tu es Matsuda Seiko ? - C'est ce qu'on vous a dit, non ? - Tu sais pourquoi je suis là ? - Alors là… souffle-t-elle. Aucune idée. Peut-être pour me dire où vous m'enverrez. - Justement, répond l'adulte en ouvrant le dossier.
C'est la première fois que Seiko croise la route de Tsunade et elle lui trouve déjà une part d'ombre semblable à la sienne… Sauf que l'une est Hokage et appréciée de tous, l'autre est accusée de meurtre et détestée de son village.
- Iruka est venu me voir à mon bureau pour me réclamer une sorte de droit de grâce, explique-t-elle en posant ses coudes sur la table.
La femme cache le bas de son visage derrière ses doigts croisés pour fixer Seiko qui jette un rapide coup d'œil sur son ancien professeur.
- Attendez, s'agite-t-elle. Vous allez peut-être me prendre davantage pour une timbrée qui veut aggraver son cas, mais c'est du grand n'importe quoi, là. - Nous n'avons pas assez de preuve contre toi, précise Ibiki. - Quoi ? Je revendique un meurtre et ce n'est pas suffisant, alors vous pensez à m'acquitter ? - Écoute, gamine, grince Tsunade. Deux solutions s'offrent à toi.
La meurtrière dont le crime porterait sa signature provoque l'Hokage du regard en la dévisageant de haut. Son arrogance déplaît à tout le monde, c'est la raison principale pour laquelle elle est mal vue dans les rues de Konoha.
- Vous êtes tous les mêmes, crache l'adolescente. Il n'y en a pas un qui est fichu d'avoir un peu de jugeote.
Les adultes froncent les sourcils, perplexes…
- À la seconde où vous êtes entrée ici, Tsunade, vous m'avez lancée un regard méprisant sans me connaître, voire sans m'avoir déjà vue. Vous vous permettez de porter un jugement qui se base sur un rapport objectif de ma vie sans comprendre les liens logiques qui unissent ses différents éléments. Quelques chiffons ne vous donneront pas accès à la connaissance suprême de ma personne, il vous manquera toujours les circonstances dans lesquelles j'ai vécu et ce que j'ai ressenti pour ensuite me juger convenablement.
Elle hausse les épaules en biaisant la bouche.
- De toute façon, poursuit-elle, ça a toujours été comme ça : la justice juge et condamne la personne, la société juge et condamne ses actes, le code pénal et l'amitié sont l'illusion qui montre l'inverse.
Tsunade soupire bruyamment, lasse d'un discours aussi pessimiste accompagnée de cette satanée odeur qui s'enfonce dans ses narines. Elle réfléchit que plus vite elle parlera, plus tôt elle pourra sortir de cette pièce empestant le renfermé et la transpiration.
- Je disais que deux solutions s'offrent à toi, reprend alors l'Hokage. Soit tu es transférée à l'orphelinat dans la péninsule du pays… soit tu reprends tes services en tant que kunoichi de Konoha.
La surprise se fait soudainement remarquer sur le visage de Seiko. Les yeux plus ronds qu'à leur habitude, elle dévisage Iruka et Tsunade à tour de rôle dans une ambiance occulte.
- C'est une blague ? lâche-t-elle.
La lampe accrochée juste au dessus de la table éclaire sinistrement le visage des deux femmes qui restent immobiles dans le silence.
- Mais c'est parfaitement con, votre truc ! Vous parlez d'un choix ! Iruka, je vous rappelle que je suis handicapée par ma ridicule réserve de chakra, et comme si ça ne suffisait pas, j'aime pas ces merdes de kunai. - Problème réglé, lance tout haut Tsunade en refermant le dossier. Elle ira à l'orphelinat. - Attendez ! s'oppose Iruka tandis qu'elle se lève pour quitter la pièce. Donnez-lui un jour pour y réfléchir. - Traduction : donnez-lui un jour pour me convaincre, raille Seiko. - Toi, la ferme. Tsunade-sama, je vous prie de m'accorder jusqu'à ce soir pour vous apporter sa réponse définitive. - Depuis quand c'est vous qui décidez pour moi ? enfonce la gamine. - Je t'ai demandé de te taire. - Vous ne valez rien à mes yeux, Iruka-sensei. Alors ne vous avisez pas d'exercer sur moi votre autorité achetée en vendant la merde que vous avez chié il y a quinze ans. - Es-tu stupide au point de ne pas comprendre que j'essaie de t'arranger les choses ? - Ouais, c'est ça ! Cette aide que vous m'apportez est purement égoïste, tout ce que vous cherchez à faire, c'est récupérer le titre d'enseignant modèle pour qu'on puisse vous aduler comme cette pouffe de Sakura.
Iruka s'avance dangereusement sur Seiko qui a le reflex de sauter de sa chaise. Elle défie son regard comme le ferait une louve pour défendre son territoire, parée à lancer un combat de titans au moindre mouvement brusque.
- Je t'interdis d'insulter mes élèves, écorche son ancien professeur.
Elle le tambourine de son regard dans lequel même la lumière n'ose pas se refléter au risque de se faire dévorer par les deux monstres que sont ses yeux. Seiko pouffe de déplaisir avant de compléter de sa voix basse :
- J'imagine que c'est ce que vous avez dit aux personnes qui m'ont elles-mêmes insultée durant ces quatre dernières années pour ce que je suis.
Iruka se redresse, doublement offensé et avec un visage marqué par la déception.
- Tsunade-sama, je… - Hé ! l'arrête Seiko. J'ai quelque chose à proposer. - Hein ?
Ibiki, toujours silencieux, observe la scène avec attention en prenant soin d'étudier le comportement ambigu de la gamine. Il est persuadé qu'elle a un bon fond qui se cache derrière ce masque de mépris et d'insolence. Le même sourire que ses lèvres adorent se dessine une fois de plus sur son visage avant de laisser souffler ces mots :
- J'accepte de réfléchir à cette solution à la condition qu'on me laisse tranquille jusqu'à ce soir.
Iruka croise les bras, l'air soucieux, tout comme Tsunade dont le regard d'ambre se plante dans celui de Seiko. L'Hokage finit par lui accorder cette liberté bien qu'elle soit parfaitement consciente des risques qu'elle prend en laissant une meurtrière courir les rues de Konoha. La jeune fille la dévisage de son sarcasme souriant, puis la remercie tout en arrangeant sa toison d'un long passage de sa main dans ses boucles noires.
Voilà, ce fut le troisième chapitre. Je pense continuer à poster, mais n'ayant aucune réponse, je vais finir par croire que ça n'intéresse pas grand monde ici. J'aurai juste besoin de commentaire, aussi minime qu'il soit et/ou d'un petit vote pour m'encourager. Je peine à me contenter du nombre vues, mais je ne suis par certaine que beaucoup de personnes lisent en entier, et ça devient un peu pitoyable... x) Donc voilà, je suis ouverte à tous commentaires, critiques, et conseils, qu'importent leur position, j'en ai vraiment besoin. Merci d'avance ! :3 | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Ven 31 Juil - 20:10 | |
| Alors je n'ai pas encore lu ta fic mais je vais me permettre un petit com sur ton dernier post.Tu te plains que personne ne te laisse de com, mais d'une tu ne peux pas forcer les forumeurs à le faire (même s'ils ont lu entier tes chap), et de deux nous sommes en été donc beaucoup moins de passage. Attends la rentrée, peut être que plus de monde viendront lire et commenter ta fic. - Citation :
- mais je ne suis par certaine que beaucoup de personnes lisent en entier, et ça devient un peu pitoyable... x)
Ce forum, n'est pas dédié aux fics non plus; hein. C'est d'abord un forum d'échange sur divers mangas puis une section "loisir" avec un item "fanfic". Donc, si tu veux des coms constructifs ou pas sur ta fic, vas sur des sites spécialisés; tu y trouveras des personnes qui se feront un plaisir de commenter ta fic et te de donner des pistes d'écriture.Et pour finir, dans ton premier post, le spoil "prologue" ne s'ouvre pas et je sais pas si c'est important ou non de lire ce prologue avant d'entamer ta fic. | |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Ven 31 Juil - 20:25 | |
| « Tu te plains que personne ne te laisse de com, mais d'une tu ne peux pas forcer les forumeurs à le faire (même s'ils ont lu entier tes chap), »
Je ne force absolument pas ! J'invite à commenter, peut-être en insistant avec un peu trop de poigne, ça ne m'étonnerait pas de moi, et si c'est le cas, je m'en excuse sincèrement.. :( Et quand je dis que je ne suis pas certaine, c'est vraiment à prendre dans le sens où je n'ai pas de certitude, pas d'indication qui me dit si oui ou non ma fiction est lue, et non dans un sens qui connote le sarcasme. Il faut dire que je suis curieuse. :$ Pour des sites spécialisés, je t'avouerai que j'ai cherché en n'en trouvant qu'un seul, et je n'arrive pas à poster dessus, alors j'ai abandonné et je me rétracte sur les forums. :o
Après pour le spoil, c'est bizarre, car chez moi, tout glisse comme sur des roulettes.. ! Au pire des cas, je peux le retirer. Le spoil n'est là que pour apporter un peu de lisibilité dans la page. :3 | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | |  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Dim 2 Aoû - 0:34 | |
| Oui, ce sont ces deux-là, justement ! :o J'ai seulement essayé fanfic.fr pour la version française, mais il y a une histoire de format ou de fichier que je n'arrive pas à résoudre. :( Je n'ai pas tenté le coup sur Fanfic.net, car j'imagine que les fictions sont principalement en anglais et que la communauté ne doit pas beaucoup lire les fictions françaises. Ce n'est qu'une estimation, je devrais sûrement y faire un tour pour me renseigner. Si j'ai tort, ma seule crainte serait de me retrouver avec le même problème que sur la version française. x) Pour l'information, j'écris et je post depuis mon portable, alors je ne peux rien faire pour les fichiers word ou autre pour le moment, la seule chose qui me sauve, ce sont les copier/coller depuis mes notes, or, sur ces sites, c'est impossible ... :(
Par contre, je ne connaissais pas AO. J'irai faire un saut très prochainement ! :3 | |
|  | | Esca Shinigami's Meister


Nombre de messages : 3488 Localisation : entre Robert Downey JR et Wolverine Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 19/10/2011
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Dim 2 Aoû - 18:16 | |
| Alors, pour ff.fr j'y vais pas des masses car j'aime pas leur présentation. Par contre je t'invite a t'inscrire sur ff.net, il y a une multitude de langue sur ce site.
Les lecteur ont la possibilité de choisir leur langue (tout comme le troisième site dont je connais plus le nom). Et la communauté française de Naruto y est trèèèèèèèèèès grande, il y a y une nombre considérable de fic; et pour m'y être inscrite il y a fort longtemps ce site était très fluide. | |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Dim 2 Aoû - 19:34 | |
| Au final, à force de persévérance, j'ai réussi à poster un premier chapitre sur fanfic.fr (merci ô volonté du Feu…). Je vais quand même faire un saut chez ff.net et continuer à poster ici. Merci ! :p | |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Mar 4 Aoû - 11:22 | |
| - Chapitre 4:
CHAPITRE 4 : Le visage sous le masque Après sa libération, Seiko s'est dirigée droit vers la boutique que tenait sa mère. Un nuage d'automne s'est évanoui sur le village entier, mais on y voit tout de même assez bien. Quelques enfants s'amusent à s'effrayer au milieu de silhouettes effacées qui se profilent dans les rues de Konoha. Pas un chant d'oiseau, ni celui du vent… seul le cri des gamins résonne dans cette gorge vaporeuse. L'adolescente ne tarde pas à arriver à la boutique et elle y trouve justement Erwan. C'est pour lui qu'elle est venue, après tout. Un regard suffit pour que les deux jeunes gens comprennent qu'ils doivent s'entretenir en privé, alors ils s'isolent derrière le bâtiment, dans un lieu que l'on pourrait qualifier de couloir de terre et de brique. Il s'agit d'un espace qui n'a pas été exploité par la boutique Matsuda et qui reste abandonné, quoiqu'il sert toujours de cachette pour les jeux d'enfants. Seiko fixe sévèrement Erwan en croisant les bras au milieu de cette terre qui peine à se remettre de la pluie d'hier.
- T'as rien à me dire ? se fâche-t-elle. - Je n'avais pas le choix… - Tu… quoi ? T'avais qu'à assumer ! - Je suis désolé, Seiko…
Son regard d'un noir irréel se plante dans celui de l'ancien apprenti et ses joues se déforment au dessus de la grimace de ses lèvres naturellement rougies. - C'est pas à moi de prendre tes conneries sur le dos.
Erwan souffle un instant :
- Je t'en prie, ne dis rien à Ibiki. - Tu as démenti mon alibi ! - Je sais… soupire-t-il, navré.
Les feuilles mortes épargnées par la pluie chutent librement en laissant entendre leur impact sec contre les pavés de Konoha. Le jeune rouquin la questionne alors sur ses futures actions.
- Tu oses me demander ce que je vais faire ?
L'adolescente pouffe de rire en balayant l'air cotonneuse d'un ample mouvement de bras. Au final, elle plonge sa main dans la poche de son pantalon pour présenter au jeune couturier la lettre qu'elle a reçu de lui.
- Tu ne l'as pas brûlée ? s'étonne-t-il, les yeux écarquillés. - À cause de toi, je vais être envoyée à l'orphelinat. Alors t'as intérêt à me dire pourquoi tu l'as tué, sinon je balance ce torchon à Ibiki. - C'était pour toi.
Erwan l'a déballé dans un demi-souffle, provoquant la surprise de Seiko mélangée à du scepticisme. Elle répète ces mots, doucement et lentement, comme si sa réflexion parlait tout haut, et les prononce une seconde fois sur un ton plus fort en appuyant sur l'interrogation.
- Je savais que cet homme était mauvais, s'explique-t-il. La mort de Konohana m'a aussi boulversé, et je me suis juré de veiller sur toi.
Il marque une pause dans son temps de parole, puis reprend :
- Je ne voulais pas que ce qu'il s'est passé avec ton père se reproduise avec cet homme.
Seiko laisse tomber son bras tendu vers lui avec la lettre dans sa main pour dévisager Erwan d'un regard qui sort de son ordinaire, d'un regard, en fait, un peu plus doux que ce qu'on a l'habitude de voir chez elle, et pour la première fois depuis bien longtemps, elle ne trouve pas quoi répondre.
- Je ne pensais pas que ça allait finir comme ça, reconnaît-il. Je regrette cette fin…
Le vent souffle soudainement sur Konoha, dissipant peu à peu le lourd nuage dans l'infini du jour et laissant apparaître dans le ciel un soleil timide qui vient éclairer doucement le village.
- C'est bon, lâche Seiko dans un soupir. Sauf que si on apprend par malheur que ce n'est pas moi, la police va se rabattre sur toi, et là, je ne pourrai rien faire.
Elle lui lance un regard avertissant en guise de ponctuation, à moitié caché par des mèches sombres. Elle ne s'est pas pour autant montrée menaçante, mais son demi-tour façonné prouve à la perfection sa désapprobation de la situation. C'est ainsi qu'elle laisse Erwan au milieu de ce couloir découvert du ciel bleu pour mener ses pas en direction du square.
Deux minutes plus tard, la jeune fille se retrouve en face du portail sombre qui clôture le nid d'enfants joueurs. Elle pose sa main sur la poignée froide, la tourne vers la gauche dans un léger grincement et la tire vers elle en laissant les gonds hurler d'épuisement. À peine a-t-elle posé un pas dans ce fameux nid que tous les regards adultes se figent sur elle. Seiko soupire en se faisant la réflexion que les nouvelles se rependent toujours très vite au sein de Konoha. Bien que son tuteur était un homme aussi adoré qu'elle, il paraîtrait qu'elle l'ait massacré. Quelle mère laisserait jouer son enfant près d'une meurtrière ? Alors les parents commencent à réunir leurs mômes tout en surveillant Seiko du coin de l'œil. L'adolescente s'en moque, elle sait ce qu'elle n'a pas fait et le regard des autres ne lui inspire aucun intérêt ; c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle a accepté de sacrifier son image personnelle au profit d'Erwan, et puis, un jour ou l'autre, la vérité éclatera. L'adolescente entre donc dans le square et trouve un banc sur lequel méditer au milieu du berceau de Konoha. Le village souffle toujours à plein poumons, jouant dans la chevelure bouclée de la jeune fille. Celle-ci arrange vainement une de ses mèches tout en réfléchissant longuement sur son choix, pesant le pour et le contre de la proposition de son ancien professeur.
Du côté d'Ibiki et d'Iruka, le chef de la police a manqué d'ordonner que l'on suive Seiko pour la simple et bonne raison qu'il a fait l'erreur de soumettre ce projet à Tsunade. Celle-ci l'a refusé en argumentant que l'adolescente est de toutes les façons coupable du meurtre de son tuteur et que la suivre risquerait d'apporter suffisamment de preuves contre elle pour l'envoyer en prison pour mineurs. Alors il est sorti avec Iruka dans cette légère brume d'automne afin de discuter et l'a accompagné à l'Académie, dans la salle des professeurs.
- Je te dis que je suis sûr que ce n'est pas elle, appuie-t-il, visiblement frustré de la tournure des événements. - Quoiqu'il en soit, reprend Iruka, elle est acquittée. En admettant que ce que tu dis soit vrai, quel intérêt y a-t-il à prouver son innocence ?
Ibiki fusille Iruka du regard, trouvant cette question fortement déplacée pour un homme qui est censé résoudre des enquêtes.
- Je veux dire que si c'est juste un sentiment, reprend-il d'une voix un peu moins assurée, tu risques de te tromper, et comme l'a dit Tsunade-sama, d'apporter des preuves qui aggraveront la situation.
L'inspecteur admet qu'il s'agit d'une intervention délicate, mais surtout, il faillit à son devoir en classant cette affaire aussi rapidement. La chaleur de la pièce provoquée par l'activation du radiateur et la préparation d'un fort café réchauffe son visage balafré quand il se retourne vers Iruka pour lui faire part de ses doutes :
- Si elle accepte de reprendre son entraînement, qui se chargera de la suivre ? - Je ne sais pas encore, répond le professeur, mais je ferai en sorte que ce soit moi.
Ibiki soupire discrètement. À tout avouer, il aurait voulu se rapprocher de Seiko afin de mener sa propre enquête, mais aussi parce qu'il s'est surpris à apprécier son bon côté, aussi timide et éphémère qu'il soit.
- Je vois, fait-il simplement.
Il finit par boire son café sans y ajouter de sucre ou de lait, abrupte, savourant ce goût âpre qui élit domicile dans le fond de sa langue. Il grimace un peu, puis quitte la pièce d'un pas lourd du à sa corpulence tandis qu'un brusque vent vient balayer le brouillard.
Cela fait bien un quart d'heure que Seiko a cessé de se poser des questions. Elle demeure seulement assise à écouter le murmure de la brise qui chante à son oreille et qui lui apporte par la même occasion les voix des villageois autour d'elle, en guise d'accompagnement.
La sensation d'une présence ouvre les paupières de la jeune fille pour croiser de grands yeux entièrement blancs qui la regardent timidement. Hinata Hyûga une enfant de son âge avec laquelle elle a suivi les cours d'Iruka. Ses cheveux sont d'un noir étonnant, proche d'un bleu de nuit qui contraste avec son teint pâle trahissant la fierté qui cache la gêne. Les poings joints au dessus de sa poitrine, elle semble retenir son souffle sous le regard destructeur de Seiko.
- T'es bizarre à me fixer comme ça.
Hinata paraît sursauter, puis détourne le regard.
- Désolée, s'excuse-t-elle doucement.
Les deux jeunes filles se connaissent effectivement depuis l'Académie, néanmoins, elles ne sont jamais devenues proches. Ce qui les sépare peut-être est la divergence de leur caractère, mais à vrai dire, ni l'une, ni l'autre ne connaît la véritable raison de cette distance, car après tout, cette question ne s'est jamais posée.
- Qu'est-ce que tu veux ? - Je… euh… bafouille-t-elle. Rien, j'allais partir…
Mais au lieu de tourner les talons, Hinata continue à fixer le sol de ses yeux lunaires. Seiko est persuadée que si cette fille avait beaucoup plus d'assurance, elle serait plus déstabilisante qu'elle. Au final, elle finit par se décaler sur le banc afin de lui laisser une place à sa gauche. L'Hyûga rougit un peu, hésite, mais une sorte d'empressement la fait s'assoir maladroitement sur cette pierre taillée. Le silence dure quelques instants, Seiko attend une parole de sa part, Hinata attend de se décider.
- En fait… murmure-t-elle miraculeusement. Je voudrais savoir ce que ça fait de… euh… tuer quelqu'un…
La fille aux yeux noirs fronce les sourcils, se demandant ce qui peut bien trotter dans l'esprit de l'autre. Au final, elle comprend…
- Désolée ! s'exclame Hinata en constatant le manque de réponse. - Bah, je ne peux pas trop te dire, répond Seiko, car je n'ai pas tué pour les mêmes motivations auxquelles tu seras confrontée plus tard. J'ai tué pour me protéger, toi, ce sera pour obéir aux ordres.
Elle soupire un instant.
- Ce que j'ai ressenti avec mon tuteur, c'est de la peur. C'est ce qui m'a fait le tuer. J'avais toujours peur lorsque je l'ai poussé dans le vide, et puis j'ai paniqué. - Et ensuite ?… - C'était une sorte de colère joyeuse…
La voûte céleste s'habille de nuages épais qui viennent dévorer le soleil de leur crocs grisâtres tandis que Seiko doute de la plausibilité de ses propos. Hinata, fille du silence, reste assise à côté d'elle, toujours très gênée. Elle se dit qu'elle se surpasse en adressant la parole à la meurtrière, que jamais elle n'aurait osé si cette question ne s'était pas imposée dans son esprit préventif, et elle est trop timide pour demander quoique se soit à sa professeur. Au final, la fille aux boucles brunes soulève des jambes avec souplesse pour les poser entre elle et Hinata, puis pousse un peu sur des bras afin d'installer son dos contre l'accoudoir du banc et ainsi avoir l'Hyûga dans son champ de vision.
- La seule chose que je peux te dire, commence-t-elle de sa voix basse, c'est qu'il y a au moins un moment où tu ne dois surtout pas hésiter dans la vie.
Elle lève alors ses yeux pâles remplis de curiosité sur la meurtrière qui replace une de ses mèches rebelles au vent.
- Quand ta vie ou celle des personnes que tu aimes est en danger, poursuit Seiko en se penchant un peu en avant, t'as plutôt intérêt à te dire que t'es la seule à pouvoir la protéger. Alors, ne réfléchis pas aux conséquences de ton acte et élimine la menace le plus rapidement possible.
Elle s'adosse une nouvelle fois contre l'accoudoir et joint ses mains derrière sa tête en emmêlant ses doigts d'artiste dans les boucles d'ébène. Condamné par les dieux à ne jamais reprendre son souffle, le vent se vide toujours aussi puissamment de ses poumons infinis et transporte les feuilles mortes au dessus des cinq têtes rocheuses dont la dernière a été achevée quelques semaines auparavant.
- Ne fais pas la même erreur que moi, termine Seiko d'une voix caressée par un soupçon de tristesse. Tu le regretteras, et amèrement…
| |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Ven 28 Aoû - 11:11 | |
| - Chapitre 5:
CHAPITRE 5 : Le déserteur
L'établissement administratif se constitue de trois immenses bâtiments disposés d'une telle façon qu'ils forment un triangle dont le manoir de l'Hokage, dominant par sa hauteur, est pointé vers le Nord. L'institution est entourée d'un mur semblable à un long serpent aux écailles blanches qui laisse une ouverture sur l'entrée principale. La peinture d'un rouge de feu habillant ces trois petites montagnes devant les cinq visages taillés dans la roche laisse soupçonner la connotation de la Volonté du Feu. On peut lire sur la façade, juste en ayant à lever le bout de son nez, des flammes calligraphiées qui se dessinent sous quatre souples coups de pinceau à l'encre noire. Il faut avoir de bons yeux pour distinguer derrière l'immense fenêtre qui offre un panorama sur Konoha le dos de l'Hokage couvert de ses deux longues couettes blondes reposant sous son fauteuil brun. Tsunade n'a pas occupé le poste de la régence de Konoha juste après l'assassinat du précédent dirigeant, Hiruzen Sarutobi, pour la simple et bonne raison qu'elle n'était pas au village. Ce qu'on peut lui reprocher en tant que Sannin à la tête d'une administration aussi puissante, c'est son âge avancé, bien qu'il n'y paraisse. Toutefois, Seiko estime que ce n'est pas dramatique en comparaison avec Hiruzen. La jeune fille se tient debout devant le bureau comblé de paperasse accompagnée d'Iruka. Les dieux savent que Tsunade a écopé d'un énorme travail en débarquant aux commandes d'un village qui s'est passé de Kage pendant bien deux mois après une terrible bataille en son sein. Le silence qui s'est posé sur dans la pièce pour la recouvrir de son aile s'envole doucement lorsque la femme adresse sa parole à Iruka :
- Quand commencerez-vous ? - Dès que possible, répond le professeur.
Seiko ne fait aucune remarque, insatisfaite de la tournure des événements. Elle a sans doute imaginé ce scénario, mais elle ne l'a pas absolument pas espéré, et il était pourtant si évident qu'elle se sermonne de l'avoir laissé passer. Elle regarde Iruka qui a trouvé un instituteur remplaçant jusqu'à un nouvel ordre qui dépendra des progrès de la jeune fille, et elle compte bien faire de son mieux afin d'être rapidement débarrassée de ce jeunot.
- Dans ce cas, dit Tsunade, je ne vous retiens plus. - Godaime-sama, salue Iruka en courbant l'échine.
Mais Seiko ne l'imite pas. Elle se contente plutôt de tourner les talons avec son arrogance habituelle tandis que les deux adultes échangent un regard exaspéré par son impolitesse. La gamine quitte la salle en prenant soin de laisser la porte ouverte pour son professeur qui la suit d'un pas dynamique.
- Je t'offre un bol de ramens ? propose-t-il avec le sourire. - J'aime pas ça.
Tsunade, qui a entendu ce bref échange, remet silencieusement en question la proposition de l'instituteur dans un bruyant soupir avant de se tourner vers la fenêtre. Elle l'observe quitter le bâtiment en compagnie de la jeune fille dans le même temps où son assistante entre en scène avec de la paperasse dans ses bras.
- J'espère seulement que ça fonctionnera, lui confie l'Hokage.
Shizune considère un court instant sa supérieure qui lui tourne le dos, perplexe, puis dépose son énorme tas de papiers lourd comme il n'est pas permis sur son bureau, et repart pressement en laissant derrière elle une traînée de tambourinements désagréables sur le plancher.
Le vent souffle puissamment dans les entrailles de Konoha sous un jour qui s'exténue, transportant aussi bien les feuilles et le chant des oiseaux, que la mauvaise foi de Seiko et les mots qui se disent d'elle, car, comme on le sait, dans ce village, toutes rumeurs, qu'elles soient vraies ou fausses, circulent aussi librement que l'air. Dans toute cette nature civilisée, on y trouve un silence oppressant entre le jeune professeur et son élève.
- Je peux te raccompagner, si tu veux… - Ça ira, tranche-t-elle. - Je ne vis pas si loin de chez toi, insiste-t-il amicalement. Ce n'est pas un problème ! - C'en est un pour moi.
Iruka regarde s'éloigner la froideur personnifiée qui fourre les mains dans ses poches dans un semblant de grondement de louve.
- On se retrouve au terrain d'entraînement demain à huit heures, annonce le professeur. Ça te va ?
Aucune réponse. Il se demande s'il réussira à faire ce qu'il prévoit avec cette gamine qui se baigne dans les braises du crépuscule et dont les lucioles dansent autour de sa silhouette à contre-jour. De toute façon, il semble qu'elle ne se dirige pas vers chez elle, alors Iruka, dans un soupir un peu las, mène ses pas en direction de son appartement.
La nuit est tombée et Seiko observe de son regard sombre le grand œil de glace qui se dresse au dessus d'elle sans oser se refléter dans ses yeux. Le vent a cessé de souffler depuis l'instant où elle s'est plongée dans ses pensées, et le seul courant qui entraîne sa conscience est celui d'un torrent de réflexion. Assise sur le toit d'un bâtiment, elle respire les odeurs qui se mélangent dans cette atmosphère communément quiète. Le règne du silence qui dirige son empire qu'est la nuit est perturbé par un discret chuchotement qui n'échappe pas à l'ouïe fine de Seiko. Son regard se détourne de l'astre nocturne pour se diriger vers le bas. La gamine peine à distinguer cinq ou six silhouettes dans cette noirceur à cause de sa vue éblouie par la pâleur de la Lune, mais quelque chose l'oblige, sûrement son instinct, à corriger sa vision pour enfin reconnaître cinq formes plus ou moins humaines dont l'une est Sasuke. Peut-être est-ce Choji qui l'accompagne avec Shikamaru, mais les deux dernières ne lui disent rien, et puis, pourquoi ce sale gosse traînerait-il avec ces bons enfants au beau milieu d'une nuit, somme toute, habituelle ? La curiosité l'emportant toujours sur sa personne, Seiko quitte son perchoir en descendant rapidement du toit par une échelle métallique un peu rouillée afin d'observer discrètement le jeune garçon qui fait tant de bruit à Konoha pour ses prodigieuses capacités, semble-t-il, bien que le cynisme de la fille la laisse penser que tout son mérite revient au nom de son Clan. Elle ne reconnait ni Choji pour la grandeur d'un des hommes, et ni Shikamaru pour quatre bras supplémentaires sur un second. Ce sont des personnes qui ne font sûrement pas parties de Konoha, surtout cet homme aux allures arachnéennes.
Sasuke distingue derrière ses escorteurs une ombre se détacher de l'obscurité d'une ruelle et s'avancer vers eux. Il fronce les sourcils en reconnaissant l'intrépide et tant renommée la Petite Peste de Konoha qui aurait assassiné son tuteur cinq jours avant aujourd'hui. Une grimace se laisse apparaître sur le visage de l'Uchiwa lorsque Seiko lance tout haut :
- L'élu s'apprête à quitter le cocon !
Et en pyjama, en plus… Mais au final, dans cette bouchée de sarcasme, Sasuke reconnaît une part de complicité. L'adolescente ignore les raisons pour lesquelles le village du Son qu'elle retrouve sur le bandeau d'un des quatre accompagnateurs a lancé une offensive sur Konoha quelques mois avant aujourd'hui, mais elle est suffisamment perspicace pour comprendre que le garçon au Sharingan récemment éveillé est sur le point de déserter. Néanmoins, elle ne connaît pas l'extrême justesse du mot "élu", si bien que les quatre gars se demandent si elle n'est pas au service de leur maître sans qu'ils aient à le savoir.
- Que comptes-tu faire ? pose poliment Sasuke de sa voix un peu canarde.
Elle attend d'arriver à son niveau pour hausser les épaules dans un soupir :
- Pas grand chose…
Puis elle observe sans modérer son attention les quatre adolescents qui lui ont semblé être des adultes au loin. La seule fille de ce quartet porte un bonnet en cuir noir sous lequel s'échappent de longues mèches rouges dont quelques unes lui fendent la face en deux. Celui qui paraît avoir une certaine autorité soutient dans son dos le buste d'un frère siamois. Leur cheveux argentés ne descendant pas plus bas que leur nuque se reflètent parfaitement avec cette Lune de satin, et les lèvres du porteur sur lesquelles se forme un rictus permanent sont naturellement noircies, ce qui lui donne un aspect totalement monstrueux. Le troisième qui a dupé la vue de Seiko ressemble à Choji, mais son imposition contraste en tout point avec cette jeune boulette vorace. Ses bras larges lui permettraient probablement de soulever la terre sans le moindre effort ; c'est le genre de caractéristiques physiques qui a tendance à impressionner la Petite Peste. Le dernier au teint mat, plus foncé que celui de l'orpheline de mère, attache ses cheveux noirs derrière son crâne à la manière de Shikamaru, ou plutôt d'Iruka, et son front est orné d'un bandeau sombre sur lequel figure une note de musique gravée et inscrite à l'encre noire sur une plaque métallique renvoyant la lumière de la Lune. C'est grâce à ce symbole que Seiko a pu déduire l'origine de ces jeunes gens.
- Si personne d'autre que moi ne te voit ce soir, précise-t-elle calmement, ça se saura demain.
Regard noir contre regard noir, la jeune fille ajoute d'une voix claire et basse :
- Juste que s'il ne revient pas, c'est moi qui viendrai pour toi. - T'es incapable de tenir un kunai, se moque Sasuke. - On verra si j'ai besoin d'un kunai pour fracasser contre un mur ta petite boîte crânienne de moineau vengeur et y laisser dégouliner ton peu de cervelle, sous-espèce de connard pitoyable. - Si t'es qu'une bonne-à-rien, c'est parce que ta mère n'a pas eu l'occasion de te recadrer. - Bouffon, rétorque Seiko, grave, en contournant le groupe. Je t'ai prévenu : s'il ne revient pas, je viendrai te rendre visite, et qu'importe les ordres, je m'occuperai personnellement de ton cas.
Sasuke regarde la fille de son âge s'éloigner d'un pas crispé dans les lumières de Konoha, puis disparaître dans l'ombre, comme elle est venue.
- Quelle idiote, murmure-t-il en l'estimant suffisamment loin.
Les quatre autres adolescents un peu plus âgés se sont gardés de faire une remarque, car ils n'ont pas tout de suite compris que Seiko n'est pas de leur camp.
- Assez perdu de temps, tranche froidement le porteur siamois. On se retrouve aux portes du village.
L'Uchiwa acquiesce par un bruit râleur accompagné d'un simple mouvement de tête avant de tourner les talons vers son appartement.
Il doit être trois heures du matin quand Sakura voit venir au loin la silhouette du jeune garçon qu'elle a sagement attendu. Son cœur palpite dans un cocktail de tendresse, d'amour, d'anxiété, et de panique. Il s'avance, lentement, les mains dans les poches, en la dévisageant de son regard qui lui coupe le souffle. La gamine remarque le sac à dos de Sasuke, et ses doutes se confirment alors…
- Pourquoi tu rodes ici pleine nuit ? questionne l'Uchiwa sans l'once d'un sentiment affectif. - Je savais que tu prendrais ce chemin si tu devais partir, répond Sakura, les yeux baissés. Donc j'ai juste attendu ici… - Rentre chez toi, rétorque-t-il.
Il passe à côté d'elle, les mains dans les poches de son short blanc, comme si elle n'était qu'un de ces nombreux arbres mourants dans cette nuit atroce. Elle écoute l'horrible tap-tap des chaussures de son coéquipier qui s'éloigne sans dire un mot, et c'est à cet instant-même que ses yeux s'humidifient. Les lèvres serrées par le chagrin et la peine, elle se retourne sur le côté pour lui demander la raison de son mutisme.
- Et pourquoi tu ne dis jamais un simple mot ? poursuit-elle de sa voix étranglée.
Les larmes coulent sur ses joues sans qu'elle ne les retiennent et chatouillent son menton arrondi par son jeune âge.
- Je t'ai dit : je n'ai pas besoin de ton aide, tranche le déserteur. Ne t'occupes pas de moi.
Sakura ne répond pas, mais trouve tout de même à sourire.
- Tu m'as toujours détestée, soupire-t-elle enfin. Est-ce que… tu t'en rappelles ?… Quand notre équipe s'est formée… La première fois qu'on était venu ici, tu as été très dur avec moi… Je t'avais parlé de la solitude, des parents, et tu m'as dit que j'étais lourde… - Je m'en rappelle pas.
Sakura le regarde, surprise, et finit par de nouveau baisser les yeux.
- Ouais, rit-elle nerveusement. T'as raison. C'est du passé, tout ça… Les meilleurs moments étaient avec toi, moi, Naruto et Kakashi-sensei. C'était pas toujours facile mais… j'ai toujours aimé ça.
Elle marque une pause pour reprendre :
- Je sais tout de ton passé, Sasuke-kun ! Même si tu obtiens ta vengeance, ça ne rendra heureux personne. Pas même toi… ni moi… - Je le sais déjà, sourit-il, dos à elle. Je suis différent de vous tous, je ne peux pas suivre le même chemin que vous. Jusqu'à maintenant, on a tout fait comme un groupe, mais il y a autre chose que je dois faire…
Et au fur et à mesure que sa voix souffle dans l'air frais de Konoha, le visage de Sakura se contracte pour retenir les larmes.
- Profondément, continue-t-il, dans mon cœur, j'ai déjà choisi la vengeance. Je ne vis que pour ça. Je ne vous aimerai jamais, ni toi, ni Naruto.
La jeune fille semble réfléchir un instant à ses futurs arguments sans se soucier de l'acidité qui se traîne sur ses joues rosées.
- Tu veux vraiment redevenir seul ? lâche-t-elle d'une manière agressive. Tu m'as expliqué la douleur d'être seul, et en ce moment, je connais ta douleur ! Je peux avoir mes amis, ma famille, mais… si tu pars…
Elle ferme les yeux, laissant un flot de sel geler son tendre visage.
- À moi… balbutie-t-elle. Moi aussi je serai aussi seule que toi…
La nuit est lugubre, le silence regagne son trône, pas un souffle, ni de la part de l'un, ni de la part de l'autre, ni de la part d'un vent qui balaierait le chagrin et la souffrance de Sakura…
- À partir d'ici, brise la voix de Sasuke, nous commençons tous de nouveaux chemins… - Je…
Le cœur de la jeune fille a bondi soudainement dans sa poitrine, et c'est dans un sursaut de désespoir que son amour vient s'exprimer fortement :
- Je t'aime de tout mon cœur !… Si tu restes avec moi, il n'y aura aucun regret, parce que chaque jour, on fera quelque chose de marrant… On sera heureux… je te le promets ! Je ferai n'importe quoi pour toi ! Je t'en supplie, reste seulement avec moi…
Sasuke ne répond pas.
- Je t'aiderai même dans ta vengeance… Je sais pas ce que je pourrai faire… mais je ferai de mon mieux !
Sa gorge étouffée par des sanglots amoureux pourrait nous apitoyer davantage sur le sort d'une jeune fille adorant un garçon qui s'apprête à suivre la voix des ténèbres susurrant la vengeance et l'honneur à son oreille, mais plus le silence de Sasuke perdure dans cette nuit terrible, plus la raison quitte Sakura…
- S'il-te-plait, sanglote-t-elle. Reste avec moi… Ou prends-moi avec toi si tu ne peux pas rester…
Les suffocations d'un cœur déchiré en lambeaux n'en finissent pas si bien que Sasuke, sans-âme, se retourne lentement pour lui dire avec un sourire mauvais aux lèvres :
- Sakura… t'es lourde. - Ne pars pas ! hurle-t-elle en le voyant faire un pas. Si tu y vas, je crierai !
Mais elle ne le voit pas se déplacer à une vitesse fulgurante dans son dos. Son grand front lui fait mal, ses yeux bouffis aussi, gonflés par le sel de ses pleurs d'enfant profondément amoureuse.
- Sakura…
Sa voix est douce, calme, tendre, lisse, et caressante… Elle l'écoute, le souffle coupé, dans le murmure triste d'un vent qui fait soudainement son apparition.
- Merci.
Elle se sent tomber, lâchée, vidée de tout espoir ; sa conscience s'évanouit peu à peu et elle ne trouve pas la force de la retenir… Encore une fois, elle a essayé, et encore une fois, elle a échoué.
| |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Dim 27 Sep - 11:34 | |
| - Chapitre 6:
CHAPITRE 6 : Compte sur moi
Chapitre 6 : Compte sur moi
Le village s'est réveillé dans un brouhaha de rumeurs et de réalités concernant le départ de l'Uchiwa. Shikamaru Nara, un jeune prodige intellectuel et stratégique, ce qui lui vaut l'uniforme de Konoha, court de droite à gauche afin de réunir les meilleurs Chuunin. En temps normal, un adulte les accompagnerait, surtout en vue de cette mission de haute importance et dont la dangerosité dépasse le seuil du raisonnable, mais il faut savoir que les Jonnin les plus puissants sont envoyés hors du village depuis déjà plusieurs jours et ne sont pas prêts de revenir aussitôt. Alors le jeune Nara, manipulateur des ombres, s'est chargé de faire appel à Choji Akimichi, son meilleur ami, Kiba Inuzuka et son fidèle chien Akamaru, Neji Hyuga pour ses facultés visuelles hors du commun, et pour finir, à la grande inquiétude de Seiko, Naruto Uzukami. Au fond de son cœur noir, la petite peste de Konoha espère tout de même qu'ils réussiront à ramener Sasuke, car s'ils échouent, c'est qu'ils sont morts. Elle se moque bien de Choji, de Kiba, de Neji et de Shikamaru, qu'ils crèvent ou non ne lui apportera ni bonheur, ni malheur. La seule personne à laquelle elle tient est ce blondinet reconnu en tant qu'hôte de Kyubi… Le Soleil peine à se tirer de son lit quand les cinq jeunes shinobi franchissent les portes du village équipés de quelques kunai, shuriken, peut-être de parchemins explosifs et de leurs capacités ridicules face au danger qui s'impose.
Huit heures. Iruka voit son élève s'avancer sur le terrain d'entraînement avec une mine plus grave qu'à l'ordinaire. L'espace est vaste, verdoyant, un petit ru se déplace timidement dans une légère fosse aménagée par les soins de l'architecte qu'est la géologie. Il la salue avec une politesse courante à Konoha que Seiko juge et jugera toujours parfaitement hypocrite.
- Bonjour, se force-t-elle. - Tu es prête ? - Qu'est-ce qu'il fait là, lui ?
Le regard de l'enseignant se dirige vers son accompagnateur au bandana noir.
- Il… - Je suis là pour enquêter, coupe brutalement l'inspecteur. - Ça vous bouche le trou de reconnaître que je suis coupable ? Vous voulez un café ?
Iruka s'agite :
- Vous voyez ? C'est exactement ce que je vous avais dit… - Bravo, prof'. Vous voulez un cookie pour votre talent de prédiction ? - Cette journée va être joyeuse, ironise-t-il. - Eh ! Mais ! C'est un véritable don du ciel que vous avez là ! - Calme-toi, Seiko… - Je suis calme ! - Je te trouve plus énervée que d'habitude, reconnaît Ibiki. Quelque chose ne va pas ? C'est en rapport avec Sasuke ?
Elle regarde ailleurs en grimaçant. Dans un premier temps, elle sait avoir fauté en ne prévenant pas Tsunade du départ du fameux rescapé, mais dans un deuxième, elle n'a pas espéré que Sakura le croise en pleine nuit et sonne l'alerte aussi tôt…
- Quoiqu'il fasse, déclare-t-elle enfin, qu'importe la personne qui le nourrit de son expérience, il fera tomber l'asticot qui pendouille entre ses deux jambettes une fois qu'il sera face à son frère. Ça le tuera, et t…
Et tant mieux, mais elle se tait, jugeant plus sage de s'arrêter là.
- Et… ? s'intéresse Iruka. - Rien. Parole en l'air. Vous voulez savoir quoi, Ibiki ?
Le chef de la Police réajuste la ceinture qui serre sa taille sous son long manteau noir, puis porte une main à son col pour lui dévoiler deux microphones.
- Parle si tu veux parler, tais-toi si tu veux te taire, introduit-il. Si ce n'est pas toi, sache qu'un meurtrier cavale dans les rues de Konoha, et tu exposes les villageois à un danger en refusant de coopérer ou en servant de couverture. - Ils sont en sécurité tant que je ne pète pas les plombs. - Des enfants, Seiko.
Oui, des enfants… Cependant, si Erwan commet un second meurtre, bien qu'elle en doute, elle ne pourra plus rien pour lui, et si ça tombe sur un gosse inoffensif, elle s'en voudra férocement…
- Vous dérangez, lâche-t-elle finalement. Allez mener votre enquête là où je ne suis pas.
Ibiki retient une grimace sur son visage, mais après tout, il s'est habitué à son attitude antipathique, et il ne compte pas recevoir un traitement de faveur.
- Iruka posera la question pour moi, termine-t-il sur un ton neutre en quittant le triangle de conversation. - C'est ça…
Le duo maître élève suit du regard la silhouette imposante d'Ibiki s'éloigner sous un pas lourd, les mains fourrées dans les poches de son manteau, jusqu'à disparaître dans un virage. Le vent ne souffle pas encore, mais il ne tardera pas. La froideur du matin vient mordiller le bout du nez de la jeune fille qui ne manque pas d'éternuer, probablement parce qu'elle s'est enrhumée la nuit dernière.
- Seiko, commence gentiment Iruka. Si tu veux rapidement progresser, il faudra m'écouter attentivement. - J'imagine, fait-elle après un reniflement. Vous avez un mouchoir ? - Pas sûr…
Iruka fouille dans ses poches à la va-vite en laissant un soupçon de déception se poser sur son visage.
- Non, désolé.
Seiko renifle une deuxième fois.
- Pas grave. Vous avez des parchemins explosifs, dans votre sacoche ? - Pour quoi faire ? s'inquiète-t-il. - Pour me moucher, pardi !
Aucune réponse, seulement les petits oiseaux.
- Faites pas cette tête, j'essayais juste de plaisanter… - En fait, je voudrais savoir pourquoi tu as voulu reprendre ta formation… - À défaut de moisir dans un orphelinat ! - Oui, sourit Iruka en passant sa main derrière la tête. C'est vrai que c'est mieux. - Bah, c'était un choix assez chiant.
Le professeur considère son élève qui ne cesse de renifler avec son air sévère.
- On commence ? propose-t-il.
Elle hausse les épaules.
- J'attends, moi… - Bon… euh, alors ! Tu te souviens de comment fonctionne le chakra ? - Nan. - Tu sais ce que c'est ? - Un truc d'énergie du corps et de l'esprit, je crois. - Oui. En gros, c'est ça, s'exaspère Iruka. C'est l'essence indispensable à la réalisation de technique. - Mes réserves sont maigres, rappelle Seiko. - Je t'apprendrai à te servir du peu que tu as, répond-il solennellement. Et à force d'entraînement, tu augmenteras leur capacité. De toutes façons, il faut que tu apprennes les bases. - Il y en a tellement ! - Autant commencer tout de suite, alors. Je vais t'apprendre à te déplacer comme les shinobi. En mission, tu n'auras pas le temps de trouver des portes et des échelles pour accéder à une quelconque pièce. Regarde comment je fais.
Iruka fléchit les jambes sous le regard attentif de Seiko malgré sa grande part de démotivation, puis se propulse pour se placer sur une des trois souches alignées qui servent de cibles pour les entraînements des débutants.
- Tu vois ?
La gamine arque un sourcil.
- J'ai des yeux qui fonctionnent, alors oui. - As-tu des yeux qui analysent ? rétorque-t-il un peu sèchement. - Eh…
L'instituteur rejoint son élève dans un même mouvement bondissant en posant une main sur sa hanche qui laisse transparaître son agacement.
- Seiko, je fais ça pour toi, pas pour moi. - Pourquoi m'avoir laissé le choix ? gronde-t-elle en l'imitant. - Tu l'as dit toi-même : "moisir dans un orphelinat".
Bien que la jeune fille doute de ces paroles, elle préfère garder le silence et remettre cette discussion à plus tard. En temps normal, cette raison lui ferait grandement plaisir, mais son esprit penche pour un dessein égoïste et vaniteux.
- Parenthèses fermées ! s'écrie-t-elle. On reprend.
Iruka, dans le vent frai matinal, sourit un peu sous le doux regard ténébreux de son élève.
- Vous avez fait comment ?
Le professeur regarde le sol autour de lui à la recherche d'une pierre qui se démarquerai des autres. Il finit par courber l'échine pour ramasser un caillou isolé et le poser à deux mètres devant Seiko.
- Atteins-le en un bond, commande-t-il. - Quoi ? - Fais ce que je te dis… - C'est ridicule, pouffe-t-elle désagréablement. - Fais-le, insiste-t-il avec plus de poigne.
Elle soupire bruyamment, puis fléchit les jambes avant de s'élancer vers la pierre en posant un pied après l'autre.
- Voilà ! s'exclame Iruka. - J'ai ma médaille ? - Non, car tu sautes mal.
Seiko fronce les sourcils, perplexe.
- Comment ça, je saute mal ? Il n'y a pas trente-six façons de sauter… - Recommence, je vais t'expliquer.
La jeune fille recule pour effectuer le même geste, et à peine pose-t-elle un pied à côté de la pierre qu'Iruka se permet, sans gêne, de la bousculer pour la faire chuter sur le côté ! Ses mains se heurtent douloureusement à la terre herbeuse et sa hanche n'échappe pas à l'impact, cependant, elle ne rouspète pas, ni ne lance un regard assassin ; elle se contente plutôt de réfléchir deux secondes avant de comprendre son erreur.
- C'est parce que tu… - Je recommence ! tranche-t-elle en se relevant sans peine.
Il lui a tendu la main pour l'aider à se remettre debout, mais elle ne l'a pas vu, ou peut-être tout simplement pas voulu. Elle se replace à la même distance, quoiqu'un peu plus loin d'après Iruka, en fixant méchamment la pierre, puis fléchit ses jambes en contractant ses muscles, et bondit pour arriver pile à côté du caillou, et cette fois-ci, les pieds joints. Son professeur la bouscule, mais elle ne perd pas l'équilibre.
- Tu n'es pas si bête que ça, au final ! - C'est parce que vous pensiez que je l'étais que vous m'avez délaissée ?
Il doit l'avouer : il s'est pas attendu à ce renvoi percutant… Alors il l'esquive maladroitement en posant la pierre plus loin.
- À toi de jouer. Et sans élan. - Il est trop loin, votre truc… - Fais-le. - Non mais, il n'est pas question de ridiculité ou autre. Là, c'est carrément impossible si je ne sais pas comment vous avez fait ! - Tu me fais confiance ? - Non, pourquoi ? - Parce que tu devrais. Essaie, au moins.
Seiko soupire, lasse, mais se résigne toutefois à écouter son professeur. Elle se concentre, fléchit, se penche en avant, fléchit davantage, se prépare mentalement… et pousse de toute sa force sur ses jambes avant d'atteindre la moitié de la distance qu'elle devait enjamber.
- Voilà, s'exaspère-t-elle. Qu'est-ce que je disais ?…
Iruka, étrangement inquiet, lui suggère de recommencer. Elle s'exécute, sage malgré sa personnalité de diablesse, mais toujours incapable d'atteindre la pierre située à cinq mètres d'elle.
- Je ne comprends pas, souffle-t-il. - Ben, moi non plus, figurez-vous ! Vous m'expliquez ?
L'instituteur se mord légèrement la joue en fixant son élève, les sourcils froncés par les muscles du scepticisme.
- Iruka ? - Je vais t'expliquer, confirme-t-il en décroisant ses bras. Tu es sensée, comme tout le monde, avoir le réflexe d'utiliser une part infime de ton chakra dans la vie courante. Les shinobi ont ce réflexe plus accentué que les villageois, mais si on demande à quelqu'un, n'importe qui, d'aller d'un point à un autre où c'est physiquement impossible, il y arrive sans problème. - Pourquoi pas moi ? - Je… je ne sais pas… Si tu concentres une part de ton chakra dans tes pieds et que tu la libères au bon moment, tu réussiras. - Mais, Iruka, s'oppose-t-elle. Vous êtes en train de me dire comment poser un pas devant l'autre… Enfin, c'est tout comme. - Je sais, ça n'a pas sens…
Le regard de Seiko se perd dans la chevelure verdoyante d'une terre rendue humide par des larmes du matin, et les bras du soleil cherchent à cueillir de leur mains chaleureuses les plus belles fleurs de la forêt tandis qu'une s'éprend à caresser la joue mielleuse de la jeune fille. Ses yeux de l'ombre parcourent les cieux encore tachés de nuances grises qui s'étirent de toute leur longueur, comme des lèvres coton souriantes devant l'éclat magnifique d'un soleil anachronique. Effectivement, le bleu du ciel, azur, en étonne et ravi plus d'un, surtout lorsque l'on approche de l'hiver. La neige ne s'est pas permise de recouvrir le pays comme elle l'a fait deux ou trois ans auparavant, et les Noëls se font de moins en moins festifs. Avant le drame de la Pluie de Sang, il n'était pas rare de croiser des villageois en pleine nuit, riant, joyeux, quoiqu'un peu saouls mais rien de très méchant, et aussi, le village ne s'endormait jamais totalement : les bars restaient ouverts le jour comme la nuit, ainsi que certaines petites boutiques dont celle Konohana. Ses pensées tournées vers sa défunte mère se laissent emporter par le cheval gracieux de l'automne qui galope sous la voûte azuré en laissant derrière lui de doux appels d'air.
- Dites, Iruka…
Iruka sursaute en se surprenant à observer sans retenue le doux visage de son élève. Il remarque par la même occasion que ce n'est que lorsqu'elle détourne son attention sur le ciel que ses traits d'attendrissent…
- Oui ? - Le culte des Trois est toujours d'actualité ? poursuit-elle sans le regarder. - Il doit rester moins de dix temples encore actifs dans le monde, mais cette religion n'est pratiquée que par une extrême minorité. Pourquoi ? - Pour savoir. Mais d'où viennent les Hing ?
Son iris ténébreuse se pose doucement sur celle de son instituteur tandis que le vent balaie les feuilles mortes tombées au sol ou restées accrocher à leur branche natale.
- C'était une tribu primitive dont les membres se sont entre-tués assez récemment, explique-t-il, à cause d'idées religieuses divergentes. - Ils pratiquaient le culte des Trois, non ? Et le sacrifice humain… - Oui. - Mais, interpelle-t-elle de sa voix basse. Dix temples, c'est beaucoup pour une religion pratiquée par très peu de personnes. - Ce qu'il faut savoir, s'élance joyeusement Iruka qui retrouve sa place d'enseignant, c'est que les sacrifices humains servent de punition. À l'époque, une femme qui mettait au monde un enfant qui ne ressemblait pas au père était offerte à un des Trois. Aujourd'hui, il est question de rendre justice. De toute façon, la religion a pratiquement disparu des esprits, mais elle sert toujours de prétexte politique.
Seiko soupire. La politique et les dieux lui semblent bien trop bien inaccessibles pour lui permettre de comprendre quoique ce soit…
Cela fait bien dix minutes que Choji Akimichi tient tête au shinobi qui se dresse devant lui de toute sa grandeur et sa corpulence monstrueuse. Il est tout à fait normal de juger à vue d'œil que le petit-gros de Konoha ne fait pas le poids contre ce géant gris aux tendances cannibales, et on n'en voudra à personne de croire aux miracles, car cette fois-ci, chaque membre de l'équipe dirigée par Shikamaru aura tout intérêt à se surpasser pour échapper au massacre qui les attend de pied ferme. Choji a tout juste trouvé le temps d'avaler sa deuxième pilule dopante, médicament propre à son Clan, pour se conférer une force surhumaine. Effectivement, la première n'a pas suffit… Autour de son corps dodu et crispé jaillissent des lianes d'un bleu pâle irréel, figuration du chakra qui circule dans le corps de chaque individu. Le combat auquel nous assistons est un terrible affrontement de coup de poings, de coups de genoux, de prises qui s'enchaînent pour broyer l'ennemi au sol… La lutte des deux bœufs s'intensifie lorsque Choji parvient à empoigner fermement Jirobo par la corde violette qui lui fait office de ceinture, et c'est dans un effort remarquable qu'il soulève la masse semblable à celle d'un volcan dans un sac de riz et l'entraîne dans sa chute en lui fracassant le crâne contre le sol, derrière lui. Le jeune Akimichi se retourne vivement pour faire face à sa bête noire qui se redresse sans difficulté, à peine sonnée… Jirobo charge, les bras ouverts, en poussant sur ses cuisses épaisses et Choji le réceptionne contre son poitrail dans un lourd étouffement de douleur. Le menton plaqué sur l'épaule de son ennemi et sa bonne joue s'écrasant contre sa nuque, le gamin de Konoha hurle d'effort en prenant l'avantage sur le contre-poids qui entrechoque les deux puissances inhumaines, si bien que les semelles des shinobi s'enfoncent dans le sol à peine humide et forment une petite chaîne de montagnes naissant d'une creuse traînée de terre. Choji s'avance d'un pas, écrasant son pied sur un amas d'herbes, mais Jirobo accumule de la puissance en le laissant s'approcher, et le repousse violemment en le faisant rouler sur bien trente mètres pour peu qu'il y ait un arbre afin réceptionner douloureusement le gamin. Ce dernier ouvre faiblement les yeux… Il souffre, et de l'impact terrible qu'il vient d'encaisser, et des effets secondaires du dopage qui lui tordent les entrailles dans tous les sens… Une substance épaisse et écarlate vient couler sur ses lèvres dodues. Oui, il n'a pas eu le temps d'utiliser les techniques héréditaires de son Clan qu'il se met déjà à cracher du sang dans une brève quinte de toux. Il se redresse péniblement. Le pauvre, il tremble sur ses jambes qui supportent tout son buste alourdi par le poids de la douleur et du désespoir, mais la volonté de Choji est telle qu'il ne prête pas plus d'attention que cela aux signaux de détresse que lui envoie son corps. Non ! Ses compagnons sont partis devant, et sa promesse tient sur le fait qu'il les retrouvera une fois qu'il en aura finit avec ce type… Il ne sait néanmoins pas s'il reverra Konoha, son père, sa mère, Shikamaru… Quoiqu'il en soit, il protégera ses compagnons, et de sa vie s'il le faut ! C'est précisément cette pensée qui le ramène à la lumière de la lucidité. Il enchaine deux rapides mouvements de ses mains et conclut avec un dernier sceau ayant pour vertu de multiplier la taille de son bras qui vient s'écraser violemment de justesse à côté de Jirobo. Choji grimace, mais ne perd pas pied pour autant, alors de sa main disproportionnée, il balaie carrément la clairière qui fait office de terrain de combat. L'autre se voit obligé d'esquiver chaque offensive, en conséquent, il s'épuise rapidement. Le jeune Akimichi le remarque et trouve l'occasion rêvée pour en finir dans une dernière attaque, alors, de tout son poing énorme, il écrase la féroce terre qui se redresse et se craquelle autour de l'impact dans un grondement sourd et puissant, volant en éclat. Son ennemi, qui se trouve juste en dessous, déniche la force de soulever la main titanesque du shinobi de Konoha. C'est incroyable… Il la soulève, comme s'il s'agissait d'une vulgaire caisse en bois chargée de marchandises. Il la soulève, donc, aisément, nous l'avons compris, bien que grandement surpris, la saisit d'une telle manière, et en vient à porter Choji pour le faire tournoyer dans les airs à la façon d'un lancé de marteau jusqu'à le lâcher dans un élan remarquable. La chute aurait été mortelle, de toute évidence, si le gamin n'était pas un Akimichi. Oui : ce qui le sauve, c'est ce sang d'héritier qui coule dans ses veines, et son attaque ultime, bien entendu, sera la démonstration de toute la puissance de son clan. Avant qu'il n'entame la chute, Choji réussi à retrouver ses proportions pour enchaîner une série complexe de sceaux qui, au lieu de décupler la taille d'un bras ou d'une jambe, décuple… centuple… multiplie par mille, cent mille ! Qui multiplie par un nombre inestimable sa taille afin de donner naissance à une montagne humaine.
- Compte sur moi, Shikamaru…
Et, merci la gravité, le gosse retombe lourdement, ou on ne peut qualifier comment, de la même manière qu'une montagne qui, au lieu de se former peu à peu de la terre, tombe du ciel.
Les grands sapins verts chatouillent les phalanges du titan. Il se retrouve là, allongé, étendu non pas par terre, mais sur la forêt, avec ses cheveux châtains hérissés se mêlant aux nuages. Il peut voir au loin, juste en tournant la tête, son tendre village natal perdu au milieu d'une mousse végétale. Autour de toute cette violence règne en fait un calme étonnant, avec des oiseaux qui vivent leur vie, qui chantent l'approche de la saison prochaine, des écureuils qui commencent tout juste à remplir leur petite maison de mille et une noisettes, de faon qui laissent pousser leur premiers poils d'hiver… Il se sent sorti victorieux de cet enfer. La joie remplit son cœur de géant si bien que l'air en frissonne, jusqu'à, curieusement, ressentir une brève pression sous son ventre. Mais la surprise se transforme tout de suite en une forme de terreur quand il se sent quitter les arbres et rejoindre les cieux, propulsé par un coup puissant venant d'entre lui et la terre. En effet, cette technique n'a pas suffit à tuer Jirobo… Choji retrouve sa taille originale avant de s'écraser horriblement contre le sol, aux pieds de son bourreau indemne et invaincu… Celui-ci a changé. Sa peau grise de mort a virée au brun, ses cheveux roux autrefois coiffés en trois crêtes sur son crâne nu ont soudainement poussé en arrière pour atteindre le milieu de son dos dans un orange dégueulasse, le blanc de ses yeux s'est plongé dans une couleur obscure – un gris de décomposé ou un noir imparfait, on ne sait trop quoi – ses muscles se sont davantage développés, et quelques bosses, à l'instar du crapaud, sont apparues mystérieusement sur ses épaules et son front. Il ne sourit plus de son sourire habituellement hautain, non… Sa mine sérieuse le rend d'autant plus inquiétant et angoissant.
- Je pensais pas en arriver jusqu'à là, confie-t-il.
Mais Choji ne bouge pas, immobilisé par la douleur de quelques fractures de toutes façons inévitables et les effets secondaires du médicament. Sa colonne verticale a due quoiqu'il en soit en prendre un sacré coup…
- Je sais pas si tu te rends compte, mais on est pareil, toi et moi…
Akimichi le regarde du coin de l'œil, le souffle haletant et coupé de temps à autre par la contraction de ses muscles abdominaux.
- On nous a laissé sur le bord de la route, gros-cul. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on est considérés comme des boulets…
Il tente de bouger, en vain : Jirobo écrase sa main de son pied, lui brisant étonnamment les doigts sous le grincement de souffrance de sa victime.
- Ma puissance est cent fois plus grande que la normale ! T'inquiète pas : une fois que j'en aurai fini avec toi, je tuerai tous tes camarades pour t'avoir traité de cette façon… à commencer par ton soi-disant meilleur ami !
Mais Choji, vide de chakra quoique toujours plein de volonté, fait rouler entre l'index et le pouce de sa main valide la dernière pilule, rouge, couleur du danger. Il connaît les conséquences de ce médicament, il sait parfaitement qu'il n'est à utiliser qu'en cas de grande urgence ou de situation sans issue. Il s'agit justement d'une situation sans issue… Un coup, et il est mort. À terre, sous son bourreau, il ne peut l'éviter… Tandis que Jirobo arme la main de la mort en tirant son épaule vers l'arrière, Choji s'empresse de croquer la petite boule écarlate sous le regard surpris de son ennemi.
- Peu importe ce que tu tentes ! gueule-t-il. C'est trop tard !
Il charge sa frappe fatale dans un hurlement à la fois enragé et victorieux et croise une dernière fois le regard du gamin avant d'écraser de sa poigne monstrueuse la terre qui s'hérisse sous l'impact du titan.
Cependant. Oui, encore un cependant. Cependant, Choji n'a pas montré sa dernière carte. On ne sait comment, peut-être par tactique, peut-être par magie, il a échappé à ce coup mortel… Il se tient là, à côté du gars, dos à lui, debout et grave, le poing serré, et chose aussi magnifique que choquante : son chakra que l'on a pensé vidé se matérialise par une immense paire d'ailes de papillon accrochée à ses omoplates. Il dégage tellement d'énergie que sa corpulence même s'est affinée ! C'est incroyable… Tout simplement incroyable ! surtout venant de la part de ce gosse qui a toujours été méprisé pour sa rondeur, sa maladresse et son inutilité… Incroyable, et pourtant vrai ! Mais, ne pouvons-nous pas croire à ce qu'il se passe sous nos yeux ? Pouvons-nous nier le réel, ce que les yeux voient et ce que le corps touche ?… Cette démonstration prouve, qu'effectivement, ce réel peut être incroyable, mais une fois que l'on a conscience de sa véracité, on ne peut que s'y soumettre et envisager d'y réfléchir… Mais le temps n'est pas à la réflexion. Jirobo se retourne vivement en dirigeant son énorme poing vers le nouveau Choji et le balance dans un élan de rage et de frustration… Le shinobi de Konoha, magnifique, l'arrête de sa main valide sans le moindre effort, puis le dégage de façon à lui découvrir l'abdomen en lance un puissant coup de son coude juste sous le sternum. Le colosse se retrouve propulser à bien cinquante mètres, mais il n'a ni la force et ni le temps de se relever que l'Akimichi se tient déjà debout au dessus de lui. Ce-dernier, silencieux, lui écrase la main de la même manière que celle qui a été faite un peu plus tôt. Il entend le craquement des os, il les sent se briser sous sa semelle, et il observe avec un délice malin et méprisant le visage de son ennemi crispé par la souffrance.
- On n'est pas pareil, gros-cul, imite Choji.
Même sa voix a changé. Ses bonnes joues l'empêchaient plus ou moins d'articuler il y a quelques heures, contrairement à maintenant…
- C'est moi qui ai décidé de t'affronter. Toi, on a du te choisir pour rester à l'arrière.
Il présente à Jirobo son bras chargé de chakra :
- Ça n'a plus d'importance. Je suis mille fois plus fort qu'avant, et c'est de ce bras que je vais te tuer. - A… Attends…
Mais la gentillesse légendaire de Choji s'est levée de son trône pour céder sa place à une haine dévastatrice qui s'assied fermement sur cette chaise d'acier. Toutefois, elle ne se contient pas plus longtemps : elle referme son poing féroce et le cogne contre un des accoudoirs avec une véhémence qui défonce les parois de la norme. C'est ce même poing qui, littéralement, explose le thorax du malheureux Jirobo dans un dernier hurlement, dans un dernier soupir, dans un dernier souffle, libérant toute l'amertume accumulée dans son tendre cœur depuis qu'il est entré dans l'Académie jusqu'à encore aujourd'hui…
L'Akimichi ne tient plus sur ses jambes. Il vacille, puis se laisse chuter en arrière au milieu d'un cratère de plusieurs dizaines de mètres de rayon, qui a en fait rasé toute la clairière. Le ciel d'un bleu attractif étend sa couverture devant les yeux du jeune garçon. L'enfant se retourne péniblement sur le ventre, se redresse en forçant sur ses bras frêles et parvient à force de persévérance à se maintenir sur ses jambes. Soudain, un papillon apparaît, virevoltant autour de lui. Ses ailes de lumière battent joyeusement le rayon de soleil dans lequel il baigne. Choji ne se surprend pas à le suivre ; il s'efforce, haletant de douleur, de mener ses pas vers cet insecte élégant. Son gilet vert tombe sur ses épaules et le long de son corps fin, et son pantalon tient à peine à sa taille. Les bandages qui lui serraient les avant-bras et les mollets se sont défaits, pour le peu qu'ils maintiennent quoique ce soit, et sa main droite renferme son bandeau national sur lequel figure l'emblème de Konoha gravé dans une plaque métallique… Choji, trop préoccupé par le papillon, oublie la douleur et l'inconfort de ses vêtements. Il finit bien par manquer à se heurter à un arbre. Le garçon lève la tête avec lenteur pour découvrir des écritures inscrites dans l'écorce. Le pauvre, il met du temps à lire les inscriptions, et lorsqu'il les comprend enfin, son regard change et ses lèvres, en proie d'une vive émotion, ne cessent de trembler. Ses compagnons… Ils ont pris la peine de s'arrêter un instant pour entailler le temps d'encouragements et de flèches qui indiquent la direction à suivre… Ils l'attendent… Choji pense à son père. Malgré son physique rondouillard, il reconnaît s'être fait beaucoup d'amis, qui, tout comme Shikamaru, on remarqué la tendre gentillesse qui trône à l'intérieur de lui. Oui, il le reconnaît… Il ne mourra pas seul… Sa joie et son soulagement sont si intenses que la douleur de ses entrailles qui se tordent sous l'effet de la dernière pilule ne dure que quelques secondes. Alors il s'assied, dos contre le tronc de l'arbre… Il aurait adoré pourvoir continuer son chemin, revoir Shikamaru et les autres, revoir Konoha, son village natal, revoir son père et sa mère, une dernière fois avant de partir, mais son corps ne le lui permet pas… Pas un oiseau n'ose percer cette voûte azurée de ses battements d'ailes légers et les arbres ont cessé de chuchoter de leur voix feuillues, seuls quelques papillons se permettent de butiner les fleurs épanouies, laissant ainsi place à un silence respectueux, car, oui, Choji a lâché son bandeau. Il meurt, lentement, mais il est victorieux, et éternellement.
| |
|  | | Seiko-hime2 Chuunin


Nombre de messages : 237 Age : 24 Localisation : Là où il y a du wifi ! Lisez-vous les scans ? : Oui Date d'inscription : 29/05/2013
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole Jeu 5 Nov - 20:31 | |
| Bonsoir ! D'après le sondage, ça n'intéresse pas grand monde pour ne pas dire personne, et comme je n'ai aucune preuve d'intérêt, c'est le dernier chapitre que je publie ici. Bien espéré… x') Bonne lecture, tout de même ! :3 - Chapitre 7:
CHAPITRE 7 : Si proche Chapitre 7 : Si proche
Seiko ne se sent plus. Ce n'était qu'un rhume, et voilà que son front s'imbibe de sueur en pleine nuit. Ce qui l'a en réalité réveillée, ce n'est pas cette forte fièvre qui échauffe carrément sa chambre, mais c'est qu'elle a soudainement manqué d'air. Elle tente de respirer par le nez, force sur ses poumons qui semblent se bloquer à la moindre tentative, puis reprend son souffle comme si on lui avait plongé la tête sous l'eau durant des secondes interminables. La gamine essuie la peau de son visage humide et brûlant à la foi avant de se redresser avec faiblesse sur son matelas. Son dos froid parcouru de quelques horribles frissons la fait souffrir, mais son visage garde son calme. En vérité, ses pensées se sont tournées vers Naruto dès qu'elle a ouvert les yeux… Elle a ressenti quelque chose, un mal soudain qui lui mord les tripes avec tous les crocs de la gueule… C'est en posant ses pieds nus sur le parquet glacial que la jeune fille ressent la morsure de la nuit qui lui donne la chair de poule. Elle demeure cependant assise, haletante, toujours pensive à analyser ses émotions… Son cœur se froisse à l'idée de la mort de son ancien camarade, et ses lèvres en tremblent d'anxiété. Si Sasuke le tue… s'il le tue… elle s'en voudra tellement qu'elle en sera malade avant d'en mourir…
Seiko finit par se lever sur ses jambes et à réfléchir sur le mal qui l'accable, puis quitte sa chambre d'un pas lent sans faire l'effort d'allumer une quelconque lampe. Elle traine ses pas dans l'obscurité d'un couloir qui conduit à sa salle de bain pour ensuite pousser la porte du bout de ses doigts. Elle cherche la lumière en tâtonnant les carreaux glacés à côté de la porte. L'interrupteur est juste là… Trouvé. Mais non…
- Fait chier…
L'ampoule a du grillé. La gamine effectue un rapide demi-tour en direction de sa chambre afin de dénicher une lampe de poche. Elle n'a pas l'intention de résoudre cet ennuyeux problème tout de suite, elle s'en occupera demain… La seule chose dont elle a besoin, ce sont des médicaments. Cependant, lorsqu'elle actionne l'interrupteur de la lumière de sa chambre, l'obscurité demeure. Seiko ne jure pas cette fois-ci, et évalue plutôt la situation malgré les quarante de fièvre qui lui plaquent les cheveux sur le front. Elle se déplace toujours dans l'obscurité vers son lit afin de chercher la lampe de torche normalement enfouie sous ses draps défaits jusqu'à entendre un objet lourd cogner contre le parquet avant de rouler sinistrement. Elle s'immobilise un instant, puis cherche autour du meuble. Elle finit enfin par rencontrer une manche en plastique après s'être accroupie, cependant, elle ne se redresse pas tout de suite… Quelque chose cloche.
Seiko sert l'objet dans ses frêles mines grelotantes de froid, puis bondit avec une vivacité surprenante sur ses pieds en se retournant et balance son bras dans un arc de cercle horizontal qui se finit derrière elle. Elle n'a pas manqué sa cible, percutée de plein fouet par la tête de la lampe dans un hurlement de douleur. La gamine s'empresse de presser l'interrupteur de son arme de fortune pour chasser les ténèbres de sa chambre. C'est dans un sursaut d'horreur qu'elle illumine un visage masqué d'un tissu sombre. Seiko ne réagit pas, choquée… Cet homme ne porte pas de lunettes sombres comme l'assassin de sa mère, mais il n'en reste pas moins imposant… L'enfant ne se demande pas comment elle tient sur ses jambes tétanisées par l'effroi, néanmoins, elle sait pertinemment qu'elle revit un terrible moment de son existence, et encore une fois, elle se sent impuissante face à la menace. La rage ne l'anime pas, c'est plutôt la terreur qui l'étouffe dans son étreinte passionnelle. La gamine fait tomber la lampe à force de tremblements avant de reculer de quelques pas maladroits. L'objet roule dans un arc de cercle avant de s'arrêter pour éclairer l'homme vêtu de noir. Elle ne le voit pas fuser sur elle, mais elle sent sa gorge se tordre sous la pression de sa poigne et le sol se dérober sous ses pieds.
Non… Seiko refuse catégoriquement d'abandonner… C'est une cuisante douleur au foie qui la ramène à la raison. Elle tâte alors le mur noir de sa main gauche pour saisir un cadre dans lequel se referme un de ses meilleurs dessins et le balance avec une telle impétuosité sur le crâne de son agresseur que des éclats de verre volent par millier dans la pièce de la mort. L'enfant ne se souvient pas qu'elle est gravement malade, alors elle se précipite sur l'homme en oubliant la différence de gabarit après avoir saisit un morceau de verre qui traînait on ne sait trop où. Les ténèbres de la pièce sont seulement chassées par une lumière qui n'éclaire pas du bon côté, mais Seiko connaît sa chambre, et ses capacités sensorielles sont suffisamment développées pour localiser son futur assassin. Elle cherche à planter le fragment transparent dans sa gorge, mais son geste est puissamment bloqué par la main terrible. Néanmoins, ce que l'on ne sait pas, c'est que la combattante a, en fait, attrapé deux morceaux de verre, et c'est le deuxième, logé dans sa main gauche qui vient perforer l'abdomen de l'homme en noir, se plonger dans sa chair, entièrement, jusqu'à disparaître sous son vêtement sombre.
Il suffoque, vacille sur ses jambes, pressant la plaie de sa main gauche et lâchant un kunai ensanglanté. Seiko tremble violemment de tout ses membres, elle ne sait toujours pas comment elle réussit à se tenir droite sur ses pauvres gambettes, ses pieds sont comme plantés dans son parquet tandis que la masse sombre s'agenouille devant elle en empoignant le t-shirt ensanglanté de la gamine. Mais il se redresse maladroitement et se précipite vers la sortie en bousculant les murs dans le silence de la nuit, jusqu'à disparaître derrière la porte de l'appartement qui mène à la cage d'escalier et laissant Seiko de nouveau seule au milieu du saccage de sa chambre.
La main gauche plaquée sur son ventre au niveau du foie, l'enfant tombe à genou, affaiblie par une douleur intense. Elle n'ose pas découvrir son abdomen, car elle est plus terrifiée qu'autre chose. Respirer la fait atrocement souffrir, et se relever est un geste impensable. Son regard perdu se pose sur le kunai ensanglanté de son assassin. Elle ne peut s'empêcher de grimacer et de serrer les paupières. Elle finit par s'effondrer sur le côté, mourante… En s'imaginant étendue, là, sur le sol, poignardée, se vidant de son sang, elle ne peut faire le rapprochement avec sa mère. La gamine tousse dans son agonie, recrachant un peu de sang qui s'est logé dans sa gorge, puis respire encore quelques longs souffles avant de fermer les yeux pour un très long moment…
Il est huit heures, et Iruka se tient sur terrain d'exercice à préparer l'entraînement de son élève. L'anxiété et la tristesse habitent son grand cœur, car il a appris ce matin, très tôt, que Naruto a été ramené dans un état d'une extrême critique à la suite d'un combat l'opposant à Sasuke, et puis, Choji a aussi été retrouvé, inerte, au pied d'un arbre. Son cœur ne battait plus… Du groupe, seul Shikamaru s'en est sorti sans trop graves blessures. L'instituteur relève la tête, espérant voir arriver Seiko et ainsi, se changer les idées, mais devant lui, seule l'herbe frémit au gré d'un léger vent. Iruka s'étonne. Son élève a toujours été très ponctuelle, à ne se pointer ni trop tôt, ni trop tard, toujours à l'heure pile, à la manière d'un automate. Il aurait pu lui donner rendez-vous à sept heures cinquante-huit, elle serait là à sept heures cinquante-huit, sauf aujourd'hui. Il lui laisse une petite marge de cinq minutes dans un vent qui balaie la poussière de la nuit, et lorsqu'il pose de nouveau ses yeux sur la grande aiguille de sa montre, dix minutes sont déjà tombée dans le temps. Son anxiété s'intensifie au moment où Ibiki franchit le seuil du terrain. L'inspecteur lui lance un regard interrogateur.
- J'espérais trouver Seiko, lui déclare-t-il. - J'espérais la voir arriver… Qu'est-ce que tu lui veux ? - Elle m'a envoyée inspecter ailleurs, hier. C'est ce que j'ai fait. - Et alors ? se renseigne Iruka. - J'ai fait comme si elle était vraiment innoncente et j'ai discuté avec la personne qui a démenti son alibi. - Erwan Kurama ? - Oui.
L'instituteur hésite, perplexe et sceptique. Il s'agite un peu, avant de demander :
- Si ce n'est pas Seiko, qui a tué Yui, pourquoi ça serait lui ? - Je ne sais pas… Il n'y a aucun lien direct entre lui et la victime. - Un lien intermédiaire ? - Seiko, répond simplement Ibiki. Erwan était l'apprenti de Konohana, mais il n'est pas très net… - Pourquoi ? - Il répond toujours en faisant des détours. Il faudra que je discute avec Ema : ils se connaissent bien. Seiko est en retard ou elle sèche ?
Iruka soupire…
- Elle manifestait un certain intérêt, hier. Je doute qu'elle sèche. Peut-être qu'elle ne s'est pas réveillée, mais ça m'étonne, quand même… - On n'a qu'à aller voir chez elle, propose Ibiki.
Le professeur hoche lentement la tête avant d'ouvrir la marche vers le village.
En traversant les rues tranquilles de Konoha, les deux hommes discutent au sujet de Naruto et de Sasuke, de leur relation, en particulier de l'attachement du jeune Uzumaki envers le rescapé du massacre des Uchiwa, et un peu de l'isolement de ce-dernier. Il est dit que si Naruto n'a pas réussi à changer sa décision, seul Sasuke sera en mesure de trancher.
- Mais il faudrait quand même que quelqu'un le réveille, marmonne Iruka en sonnant à l'interphone de Seiko.
Ils attendent dix secondes avant d’insister. Toujours rien.
- Bizarre…
Ibiki recule de quelques pas afin de distinguer la fenêtre de la chambre. Le bâtiment où vit Seiko se constitue de seulement deux étages pour quatre appartements dans lesquels logent une femme en congé de maternité, un couple de retraités, un étudiant en économie et la Petite Peste de Konoha. Il s'agit d'une copropriété dont le tuteur de la gamine faisait autrefois parti.
- Les volets sont fermés… - Hein ?
Iruka appuie une troisième fois sur l'interphone sans qu'aucune réponse ne lui revienne.
- Peut-être qu'elle a oublié de les rouvrir…
Mais Ibiki ne l'entend pas de cette oreille. Son métier lui a appris à différencier les erreurs quotidiennes aux éléments inquiétants. Alors il se déplace jusqu'au balcon de la salle à manger à la manière du shinobi aguerri qu'il est, puis pose sa main sur la vitre afin de distinguer l'intérieur de l'appartement. Rien d'anormal, à première vue. Il retrouve le fauteuil sur lequel il s'est assis pour boire le café de Seiko… Rien d'anormal ? Et ces tâches noires sur le carrelage ? Et ces traînées glauques sur les murs ?…
- Alors ? s'enquiert Iruka, plus bas.
Bien qu'Ibiki doute encore de ce qu'il voit, il n'hésite surtout pas à briser le double vitrage de plusieurs puissants coups de coudes dans un fracas abominable et à se plonger dans l'entrée de fortune aussi tranchante que des lames affûtées. L'instituteur le suit, angoissé, faisant craquer les morceaux de verre sous ses semelles de militaire.
- Putain…
Les traces de sang mènent vers la sortie de l'appartement soigneusement fermée afin d'éviter une découverte morbide qui aurait pu venir plus tôt et proviennent de l'autre côté du couloir qui conduit à la chambre de Seiko. Les deux hommes sont sur le seuil l'instant suivant pour sursauter, après avoir allumer la lumière, devant le corps ensanglanté d'une jeune fille aux couleurs de la mort jonchant au milieu de sa propre essence. Son doux visage est dégagé de ses boucles noires souillées qui s'étendent sur le sol brun. Il est rare de voir Seiko aussi paisible, et si on en oublie à pâleur et tout ce sang, on dirait qu'elle sommeille… Mais on ne sait pas lequel des deux hommes se jette en premier aux côtés de l'enfant inerte pour vérifier son état, bien qu'apparemment, elle semble être partie depuis bien longtemps.
- Son pancréas a été perforé, remarque Ibiki avec un semblant d'angoisse.
Iruka a libéré le cou de la jeune fille afin d'évaluer son poul.
- Elle…
L'inspecteur lui jette son regard aquilin, attendant avec une juste impatience une suite qui tarde à venir.
- Elle est très faible…
L'inspecteur n'attend pas plus longtemps pour la soulever dans ses bras puissants et se relever sans peine. Seiko est légère, peut-être parce qu'elle s'est vidée de son sang, mais cela permet au shinobi de se déplacer sans être ralenti. Il n'attend pas non plus l'homme qui l'accompagne pour quitter l'appartement par là où ils sont entrés et défiler dans les rues et sur les toits de Konoha tout droit en direction de l'hôpital. Suivit de près par Iruka qui finit par le devancer dans cette course, il ne se demande pas comment l'enfant peut encore être en vie après cette blessure mortelle. Les passants : villageois, commerçants et shinobis, observent d'abord d'un regard inquiet ou choqué cette tentative de sauvetage, mais c'est lorsqu'ils reconnaissent la Peste de Konoha qu'ils finissent par le détourner d'un air méprisant, et les plus culottés hurlent de la laisser crever. Le décor défile autour du trio, et l'établissement ciblé se rapproche rapidement jusqu'à ce qu'il arrive à ses portes. C'est Iruka qui les ouvre avec violence, provoquant ainsi une grande agitation à l'accueil. Ibiki déboulant dans la seconde qui suit avec le corps maculé de sang d'une gamine, les infirmières ne tardent pas à pointer leur uniformes blancs.
- Elle s'est faite poignarder, lâche l'instituteur entre deux souffles. - Un chirurgien ! commande une d'entre elles.
Deux hommes accourent en conduisant un brancard qui roule sur le carrelage immaculé, et ils semblent, aux yeux d'Ibiki, arracher Seiko de ses bras pour la placer sur leur chariot bizarre et lui fourrer un masque sur le nez. Il regarde, soucieux, la troupe médicale s'enfuir dans un couloir et disparaître dans un virage.
- Ça ira, rassure Iruka. je pense. - Il doit y avoir le pronostic vital, rétorque l'homme au bandana.
Les bras ballants, il ne sait pas quoi en faire. Alors il les fourre maladroitement dans le fond des poches de son long manteau noir sans manquer de mordre d'inquiétude sa joue.
- Qui est-elle ? se renseigne une femme de l'accueil. - Seiko, répond le professeur. Seiko Matsuda. - Ah. Ok. - Je devais l'entraîner à huit heures, mais elle n'est pas venue… On l'a découvert dans sa chambre dans cet état.
Ibiki jette un coup d'œil sur Iruka. Inconsciemment, ce-dernier s'inquiète assez de Naruto pour se soucier de Seiko. Bien entendu, c'est par affinité… Il est bienveillant d'espérer que les deux s'en sortent, tout comme il est normal se préoccuper plus de l'un que de l'autre.
- Vous pensez que ça ira ? interroge l'instituteur. - Difficile à dire, on manque de personnel car il y a beaucoup de monde aujourd’hui, notamment avec l'équipe qui est partie hier matin. - Je vois… - Je vous propose d'attendre ici. Seiko a été placée en soins intensifs.
Le policier tourne les talons en déclarant, de sa voix grave, qu'il se rend sur le terrain afin d'élucider cette tentative de meurtre.
Ibiki est effectivement revenu seul dans la chambre saccagée de Seiko. Accroupi, il analyse les indices et essaie de restituer la scène : en vain. La lampe de poche étant allumée, les draps complètement retournés… rien n'est connecté, et pourtant… Seuls les éclats de verre et le cadre en bois fracturé signifient la lutte de l'enfant contre l'agresseur. Il a aussi remarqué le kunai qui appartient à un shinobi, sans aucun doute… Il est bientôt neuf heures, l'inspecteur quitte l'appartement pour interroger avec un calepin les voisins qui déclarent n'avoir rien entendu de suspect.
- Et les traces de sang dans le hall ? insiste Ibiki. - On est que quatre à vivre ici, répond une femme avec sa fille de quelques mois dans les bras. Et personne ne commence sa journée suffisamment tôt pour voir ces détails… - Vous avez entendu crier ? - Non… pas un bruit, c'est le plus étrange. - Éclat de verre… rien ? - Non, rien, Inspecteur.
Ibiki soupire…
- Quelque chose d'anormal à signaler, en outre ? - Oui : une panne de courant, ce matin, en se réveillant. Ça n'arrive pas souvent.
Il fixe un instant la jeune mère, puis gribouille sur ses notes.
- Merci de votre précieuse coopération, fait-il en refermant son calepin sur son stylo. - Je vous en prie. C'est terrible, ce qu'il s'est passé…
Ibiki la salue poliment d'un hochement de tête silencieux avant de redescendre chez Seiko.
C'est à force de réflexion et de connexions plausibles qu'il parvient à restituer exactement la scène de violence. Il ne comprend néanmoins pas pourquoi un shinobi s'en est pris à la gamine, à moins d'avoir été embauché… Toutes ces pistes le rapprochent méchamment d'Erwan. Il a tué Yui, Seiko le savait, alors il a essayé de la tuer. Mais s'il l'a tué pour elle, plus rien ne correspond… Ibiki ne peut pas se baser sur des déductions trop vagues, car il peut avoir à faire à deux personnes bien distinctes. Il devra interroger Ema, mais avant toute chose : retrouver celui qui a mis Seiko dans cet état. C'est pour cela que l'inspecteur retourne sur le chemin de l'hôpital. Quoiqu'il est passé au préalable au poste de police afin d'envoyer deux officiers surveiller les lieux et veiller à ce que personne ne pollue la scène.
En entrant dans l'établissement médical, il retrouve Iruka qui discute avec un infirmier. Il hoche la tête au moment où l'inspecteur arrive à son niveau en demandant des nouvelles de la gamine.
- Écoutez, Monsieur Morino, fait l'homme en blanc. On manque vraiment de personnel, et comme vous le savez probablement, notre contrat stipule que la priorité est aux shinobi, pas aux civils… - Donc Seiko agonise dans votre hôpital, écorche-t-il gravement. - Elle est entre la vie et la mort. C'est un miracle qu'elle ne soit pas décédée dans la nuit, alors il faudra qu'elle tienne encore un peu avant qu'on s'occupe sérieusement d'elle.
Ça, c'était cash, et Ibiki n'en revient pas…
- Quitte à perdre quelqu'un, ajoute-t-il, on préfère que ce ne soit pas une force du village. - Vous savez que l'auteur de cette tentative de meurtre est probablement dans cet hôpital ? Et que vous le sauvez en priorité ? - Si c'est le cas, nous sommes obligés… Je suis désolé, Monsieur Morino. - Je veux les noms des personnes et la cause de leur entrée à l'hôpital entre hier soir et ce matin, tranche-t-il. Et Seiko est un élément important de mon enquête, je tiens à ce que vous appliquiez cette priorité sur son cas. - C'est… c'est impossible, j'en suis navré. - Vous allez le faire, ou je vous fais incarcérer pour complicité de meurtre. - Vous n'avez ce droit ! - Vous pariez votre liberté ? La liste, s'il-vous-plait…
Mais l'infirmier n'est pas de taille contre le chef de la police. Ce dernier, sourcils froncés par les muscles du mépris, le dévisage de son regard déstabilisant du haut de son mètre quatre-vingt-treize. Il sait parfaitement qu'il abuse de son autorité, mais la menace et le bluff sont les meilleures des solutions pour obtenir ce qu'on veut dans ce monde continuellement en guerre. Alors l'infirmier, docile, ordonne à une femme de l'accueil de présenter à Ibiki la liste des patients dernièrement arrivés. Elle se lève maladroitement pour s'avance jusqu'au géant avec une démarche restreinte par une jupe trop moulante et des talons trop hauts, et enfin, lui tend un dossier. L'inspecteur la considère avec un dédain aigu avant de lui chiper d'un geste sec l'ensemble de feuilles, puis scrute les accidents qui lui semblent déconnectés de la norme. Il s'arrête sur Choji Akimichi.
- Choji est mort, dit-il avec indifférence. Pourquoi est-ce que vous cherchez à le ramener ? - Les progrès de la médecine ont fait qu'on peut sauver quelqu'un en tentant le tout pour le tout. - Il n'y a qu'un seul homme capable de ramener quelqu'un d'entre les morts, et il n'est pas ici. - On le sait…
Ibiki n'ajoute rien, il continue plutôt de parcourir la liste, mais dépassant la date sans trouver quoique se soit, il se voit obligé de remonter et de repartir en se concentrant d'avantage. C'est là qu'il s'arrête sur un nom inconnu à sa mémoire, mais dont le diagnostic lui semble carrément suspect et en corrélation avec la scène dans la chambre de Seiko.
- Fujiromi… Que vous a-t-il dit en arrivant ? - Il était complètement alcoolisé… Il a fait tomber une bouteille en verre avant de s'allonger dessus… - Quand je pourrai l'interroger ? - Cet après-midi, je pense.
Ibiki jette un coup d'œil sur Iruka qui a jugé plus sage de se tenir muet durant tout cet affront opposant l'infirmier et l'inspecteur. De toute façon, il n'avait pas à intervenir, car rien ne fait de lui un homme de la police.
L’inspecteur déjeune en compagnie de ses collègues au poste de police de Konoha et ils n'ont de cesse de l'interroger sur l'évolution de son enquête. Leur chef explique clairement qu'il est à deux doigts de mettre la main sur Erwan, qu'il ne lui reste plus qu'à faire parler celui qui a tenté d'assassiner Seiko et de trouver un mobile qui permettrait l'arrestation du couturier.
- Ema a grandi avec lui, lance-t-il. J'ai été la voir après être passé à l'hôpital et ce qu'elle m'a décrit, c'est un enfant diabolique avec des antécédents de psychopathie. - Seiko a plus l'air d'une psychopathe que lui - Accuser quelqu'un en fonction des apparences tout en étant flic, rétorque Ibiki, c'est la pire des erreurs…
L'homme se tait, incapable de former ses idées après cette cassure. Il faut dire que son chef l'a coupé à peine a-t-il marqué sa ponctuation… Le jeune officier de police se contente plutôt de pousser le riz du bout de sa fourchette sans oser prendre une bouchée.
- Ibiki-sempai, fait une femme en entrant dans le petit réfectoire. Kurenai voudrait te parler.
Le géant hésite. Il a le nez fourré dans son assiette, et voilà qu'on vient le déranger…
- Elle dit que c'est important…
La policière sursaute lorsque le regard de son supérieur se plante sur elle. Il mord une dernière fois dans sa cuisse de volaille et s'essuie les lèvres et les mains sur une serviette maculée pour soulever la montagne qu'il est et s'avancer lourdement vers elle, la contourner, et laisser son long manteau frôler son uniforme féminin. Elle ne se retourne pas. Il était si proche…
Ibiki finit par franchir les portes du poste de police pour croiser le regard fascinant de Kurenai qui l'attendait patiemment à l'extérieur. Elle arrange une de ses mèches ondulée avant de prendre la parole :
- J'ai appris pour Seiko. Aussi pour les autres, mais ce n'est pas le propos. Je suis venue te parler d'elle.
Elle soupire un instant avant de poursuivre :
- Hinata m'a confiée, ce matin, avoir discuté avec elle. - Que t'a-t-elle dit ? - Elle lui a demandé ce que ça fait de tuer quelqu'un, et la réponse de Seiko semble indiquer que le meurtre n'a pas été prémédité.
Ibiki fronce les sourcils, perplexe.
- Elle a répondu quoi, exactement ? - Qu'elle a tué pour se protéger, soupire Kurenai. Que c'est la peur qui l'avait poussée, et que lorsqu'une sa vie ou celle de quelqu'un qui nous est cher est en danger, il ne faut pas réfléchir aux conséquences et éliminer la menace le plus rapidement possible.
Le colosse plonge ses mains dans les poches de son manteau sans manquer de se mordre la joue.
- J'entraîne Hinata et le reste de l'équipe cet après-midi, indique la belle femme. Si tu veux venir poser quelques questions à Hinata, n'hésite pas.
Ibiki trouve le temps de la remercier avant qu'elle ne se décide à lui sourire et éloigner sa silhouette féminine dans le cœur de Konoha. Le vent soulève le manteau de l'inspecteur dans son hurlement tranquille et transporte avec langueur les nuages par delà la frontière entre les arbres et le ciel. L'homme balafré inspire à pleins poumons l'air pur qui l'enveloppe dans sa fraîcheur d'automne, expire doucement par le nez, puis retourne à l'intérieur du bâtiment qui lui est dédié afin d'écouter l'aveu de Seiko enregistré par ses soins datant d'il y a maintenant quatre jours…
« Moi, Seiko Matsuda, n'ai pas vu Erwan Kurama au magasin de textiles le vendredi 7 octobre à vingt heures. Pour la simple et bonne raison que je ne dessinais pas au square de Konoha. J'ai menti sur la date du croquis que j'ai travaillé en amont, un jour férié, à la même heure. »
C'est ce que grésille le magnétoscope dans les oreilles d'Ibiki. Les sourcils constamment froncés depuis sa discussion avec Kurenai, il juge que le plus important à retenir est la dernière phrase. Oui, c'est cette phrase qui dément toute cette conspiration, cette mise en scène ; c'est exactement cette phrase qui souligne l'incohérence des propos de Seiko. L'a-t-elle fait exprès ? C'est une possibilité, à ses yeux : cette coopération façonnée lui va à merveille ! Ibiki se surprend à doucement sourire de cette réflexion. Cependant, la savoir entre la vie et la mort ne l'amuse plus autant… Il se redresse en ne manquant pas de faire traîner la chaise contre le sol bétonné. Quoiqu'il en soit, il aura quelques mots à lui dire lorsqu'elle se réveillera. Si elle se réveille…
| |
|  | | Contenu sponsorisé
![[Fic] Luciole Empty](https://2img.net/i/empty.gif) | Sujet: Re: [Fic] Luciole ![[Fic] Luciole Icon_minitime](https://2img.net/i/fa/icon_minitime.gif) | |
| |
|  | | | [Fic] Luciole | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|